Evolution n Alors que beaucoup lui prédisaient une disparition pure et simple il y a quelques années, le secteur public national connaît, depuis quelques mois, une dynamique remarquable à la faveur d'une série de mesures prises par les pouvoirs publics. Aides financières directes et indirectes, maintien du monopole de l'Etat sur certaines activités, gel du processus de privatisation des banques, les hautes autorités du pays semblent plus que jamais décidées à donner au secteur public les moyens de survivre, d'abord, et de concurrencer le privé, ensuite. Il s'agit là d'un choix stratégique de l'Algérie, affirment des économistes. Même si notre pays s'est engagé à libéraliser son économie, «il n'a jamais été question d'abandonner ou de délaisser le secteur public», relèvent, de leur côté, les responsables de l'Union générale des travailleurs algériens (Ugta). Certes, l'Etat a toujours apporté son aide aux entreprises publiques, mais les résultats ont été rarement au rendez-vous. C'est à partir de là qu'il a été décidé de dissoudre celles qui ne pouvaient être mises à niveau et de privatiser les autres. Cependant, les deux processus ont été mal menés de l'aveu même du président de la République, Abdelaziz Bouteflika. A vrai dire, c'est toute la politique économique nationale, adoptée au début des années 1990, qui a échoué en ce sens qu'elle n'a pas permis l'émergence d'un secteur privé fort, encore moins la sauvegarde de l'outil de production nationale. Comme un malheur ne vient jamais seul, les investisseurs étrangers ne se sont pas bousculés au portillon, alors que les opérateurs nationaux ont préféré investir dans les seuls créneaux porteurs que sont l'agroalimentaire et les services. Les choses se sont corsées davantage avec l'affaire Khalifa qui a porté un coup dur à l'économie nationale. Fort heureusement, les leçons ont été, en partie, tirées puisque l'Etat a décidé de reprendre le contrôle de certains créneaux d'activité dits sensibles, tels le transport aérien et le secteur bancaire. Dans le même temps, les grandes compagnies nationales que sont la Société nationale pour la recherche, la production, le transport, la transformation et la commercialisation des hydrocarbures (Sonatrach), la Société nationale de l'électricité et du gaz (Sonelgaz) ou encore la Société nationale de transport ferroviaire (Sntf) ont été exclues du processus de privatisation. Alors que d'autres entreprises publiques ont bénéficié d'aides conséquentes qui leur ont permis d'éviter une faillite certaine. Last but not least, l'Etat a renforcé sa présence dans certains secteurs à l'instar de celui des transports. Ces mesures destinées à donner un nouveau souffle au secteur public, sont qualifiées de salutaires par les observateurs. «L'inexistence du secteur public dans une économie donnée ouvre la voie à toutes les dérives», argumentent-ils. Selon eux, la crise financière qui touche depuis quelques mois, un grand nombre de pays du monde a réconforté l'Algérie dans ses choix.