Résumé de la 2e partie n Tori Roberts et Lat Nhu, deux amies, sont en route pour Boston car Tori vient de perdre son poste de professeur d'études asiatique et afro-africaine à l'université du Connecticut... La gamine devait probablement être non pas perdue, mais égarée quelque part dans la communauté vietna-mienne. Au-dessus du tumulte, un bébé se mit à pleurer, ce qui fit taire les femmes et les enfants. L'une des femmes quitta le groupe, prit le tout petit dans ses bras et le calma. Les autres serrèrent également leurs enfants contre elles, comme pour conjurer l'absence de l'enfant introuvable, — Tori ! La mère de Thanh, Mme Diem, l'avait aperçue et s'avançait vers elle, les bras grands ouverts. Elle était si petite que Tori pouvait, en la serrant contre elle, voir la raie séparant ses cheveux. — C'est la fille de Thanh qui a disparu, dit-elle. Ma petite Ngoc Thuy. Etait-ce Thanh qui avait choisi ce prénom ? «Ngoc Thuy, songea Tori. Vertus précieuses.» Les femmes recommencèrent à parler toutes en même temps. Tori comprit, en démêlant leurs propos, que l'enfant avait disparu depuis la veille ; que chacune des femmes l'avait crue chez une autre ; qu'elles ne savaient absolument pas, à présent, où pouvait bien se trouver la fillette et que Thanh et les autres hommes étaient partis à sa recherche. On n'avait pas alerté la police. On ne le ferait manifestement qu'en tout dernier ressort, à en croire la tempête de protestations que la suggestion de Tori provoqua. — Elle est tellement secrète, cette enfant, dit l'une des femmes. Elle a dû s'égarer en suivant des voix qu'elle est seule à entendre, sans se soucier de regarder autour d'elle. — Quel âge a-t-elle ? demanda Tori espérant que Thanh ne lui avait pas menti autrefois en lui cachant l'existence d'un enfant et d'une épouse, vu qu'il était du genre à faire les choses dans les règles. — Elle a eu sept ans en mai. — Et sa mère, elle est où ? Tori s'étonna de sa propre réticence à faire la connaissance de celle que Thanh avait dû épouser. Entre eux, cela n'avait été qu'une passade. Alors, pourquoi pareille réaction ? — Elle est partie, celle-là, dit Mme Diem. La femme de Thanh est morte. L'irritation que trahissait sa voix ainsi que le geste de la main accompagnant ses propos poussèrent Tori à se demander si c'était vrai ou s'il s'agissait simplement du souhait exprimé par une belle-mère mécontente du mariage de son fils. Peut-être l'union – Tori supposait qu'il y en avait eu une – n'avait-elle pas été arrangée par les parents. — Depuis combien de temps a-t-elle disparu ? demanda Tori. Presque un jour entier. — Depuis ce matin ? — Hier soir. — Avant ou après le dîner ? A supposer que l'enfant soit dans les parages, elle pourrait tenir plus longtemps avec l'estomac plein. — Après. — Lui est-il déjà arrivé de dormir ailleurs ? — Elle dort souvent chez l'une ou l'autre d'entre nous. C'est une jeune femme qui avait répondu, l'une des trois à ne pas porter d'enfant dans ses bras. — Oui. Oui. Les deux autres s'empressèrent d'approuver. (à suivre...)