Bouleversement n Après deux mandats successifs, les républicains cèdent la place aux démocrates et c'est un jeune Noir qui les chasse de la Maison-Blanche. L'Amérique change de couleur, l'Amérique se requinque, se fait un lifting, les commentaires n'ont pas manqué pour qualifier ce virage historique que les Etats Unis ont amorcé en cette nuit du 4 novembre 2008, en choisissant pour la première fois depuis l'existence de leur Etat, un président de couleur. C'est donc Barack Obama, un président noir, qui fera son entrée le 20 janvier 2009 à la Maison-Blanche, ayant dépassé le seuil de 270 grands électeurs. L'annonce simultanée sur les chaînes de télévision de la victoire écrasante de Obama, reconnue par John McCain, son rival républicain, a provoqué une énorme liesse à Chicago, fief du vainqueur, qui a pris la parole devant des dizaines de milliers de partisans enthousiastes. Les Américains ont-ils procédé à un vote sanction contre les Républicains, ou ont-ils exprimé leur profond désir de changement ou alors ont-ils voulu montrer au monde que l'Amérique dont la cote de popularité a fait une chute libre partout à travers la planète à cause de la politique de Bush, n'est plus ce qu'elle était ? Il y a certainement un peu de tout cela, mais les républicains ont surtout payé pour la crise financière aiguë dont les Américains sont en train de subir les conséquences, les milliers de cercueils de soldats US morts en Afghanistan, où Ben Laden court toujours, et en Irak où le cauchemar est loin d'être terminé. Les huit ans de règne de George Bush ont suffisamment échaudé les Américains pour les pousser à changer de camp et à replacer leur confiance dans le camp démocrate. En plus d'être investi de la confiance de ce dernier, Obama a la particularité d'être Noir et jeune, de quoi symboliser véritablement la rupture et l'amorce d'une toute nouvelle ère. Quand on pense qu'il y a seulement un demi-siècle, les Noirs n'avaient même pas le droit de voter dans ce pays, on a une idée réelle de l'importance de ce qui s'est passé hier soir. A 47 ans, le nouveau Président des Etats-Unis se veut, en effet, l'incarnation du rêve du militant des droits civiques Martin Luther King et est souvent comparé à John Kennedy pour son charisme et l'espoir de changement qu'il soulève. Le nouveau locataire de la Maison-Blanche qui a mené sa campagne au nom de «l'unité» des Américains et pour restaurer «le rêve américain», brisé selon lui, était sorti de l'anonymat un soir de juillet 2004 lorsque, modeste élu de Chicago, il a pris la parole devant la convention démocrate. Des millions d'Américains se sont alors reconnus dans cet homme mince, venu à la tribune plaider pour la réconciliation des Américains au-delà des différences de race, d'âge ou de sexe. «Il n'y a pas une Amérique de gauche et une Amérique conservatrice, il y a les Etats-Unis d'Amérique. Il n'y a pas une Amérique noire et une Amérique blanche et une Amérique latino ou asiatique, il y a les Etats-Unis d'Amérique... nous ne faisons qu'un», a-t-il simplement lancé. Obama, qui entrera en fonction le 20 janvier, va hériter d'une situation économique extrêmement difficile. Les Etats-Unis, au bord de la récession, traversent leur plus grave crise financière depuis celle de 1929. Sans compter que le pays est engagé dans deux guerres, en Irak et en Afghanistan.