C'est le jour J, le moment crucial qui s'annonce avec l'élection la plus exceptionnelle de l'histoire américaine. Un tournant décisif et un taux de participation record. Du début du mois d'octobre à ce jour, beaucoup avaient déjà choisi la couleur de leur candidat. Barack Obama devance toujours son adversaire, selon les derniers sondages. Les deux candidats ont des approches différentes sur tous les sujets et chacun tente de démontrer qu'il est le plus qualifié pour la Maison-Blanche. Tout va certainement se jouer dans l'Ohio, le Nevada, la Floride et la Virginie, où George W. Bush avait gagné la dernière élection en 2004, mais seulement avec 530 voix d'avance. C'est déjà la traque à la fraude. Depuis le 20 octobre, début des votes anticipés, beaucoup d'Américains disent ne pas avoir confiance dans les machines. Néanmoins, l'on sait, d'ores et déjà, que pour nombre de diplomates, à l'image de Goodwin Cooke, des professeurs de haut rang comme Robert McClure, Bill Smullen ou encore Dan Rush, ancien républicain et consultant politique en communication, ainsi que pour 70% des médias américains, Obama, le candidat démocrate, fait partie de la solution, tandis que McCain, le candidat républicain, fait partie du problème. Cela dit, le candidat afro-américain, considéré comme celui qui répond le mieux aux attentes des Américains, a réussi à s'imposer de façon idéale sur des terrains qui étaient chasse gardée des républicains. Au Texas par exemple, nombreux sont ceux qui ont choisi Obama, surtout après l'avènement de la crise financière et les piètres prestations de John McCain en matière d'économie. Un fait, cela va sans dire, qui a renforcé les chances de l'homme de couleur. Toutes les personnes rencontrées à Syracuse, Austin, New York-City et à Washington, s'accordent à le dire: «Il faut savoir tirer des enseignements du mandat désastreux du président sortant, et c'est avec Obama que les choses ne seront plus les mêmes.» Mais 1/7e des Américains n'ont pas encore décidé, leur choix ne sera connu qu'à la dernière minute, et les républicains tentent l'impossible pour renverser la donne et capter les indécis. Pour eux, McCain est le candidat le plus représentatif des Etats-Unis d'Amérique, il est intègre et ses chances de le voir à la Maison-Blanche, ne sont pas perdues. Ils croisent les doigts. Ce soir, ils pourraient faire la fête jusqu'au petit matin, mais risquent aussi de voir leur favori repartir au Sénat. Son ombre, George W.Bush, n'est plus réellement en odeur de sainteté, même les républicains soutiennent cette idée et ce n'est pas en votant pour McCain que l'image ternie de l'Amérique s'améliorera. L'on estime également que le choix de Barack Obama est un grand risque. Le candidat n'a pas beaucoup d'expérience en politique, mais ne manque ni de charisme ni d'idées pour revaloriser l'image de l'Amérique. Au final, c'est l'intelligence de chacun des candidats qui fera la différence ce soir et départagera les deux candidats. Pour les républicains, la crise financière constitue le problème majeur qu'il va falloir résoudre. Pour les démocrates, c'est encore à la guerre en Irak, en sus de la crise, qu'il faut trouver solution. Et c'est certainement entre ces deux approches que se décidera la couleur (politique) du vainqueur. Cela dit, les derniers sondages, très serrés d'ailleurs, maintiennent cependant Barack Obama en tête avec 51%, alors que McCain est à 40%. Le Washington Post et CBS News font part de sondages donnant 52% pour le démocrate et 44% pour son rival. Les «obamaniaques» sont sûrs de gagner et les «mccainistes» sont sûrs de la surprise que créerait leur favori. George W.Bush aura laissé un héritage «explosif». Une lutte antiterroriste sans stratégie, une crise financière sévère avec ses incertitudes et une guerre en Irak à laquelle les Américains ne croient plus. La mission du futur président sera des plus difficiles, sur tous les plans. Et jusqu'au dernier moment, l'évolution des Américains encore indécis, jusqu'à l'ultime minute du vote, peut bouleverser les espoirs des uns et apporter la joie aux autres. Les déclarations agressives de John McCain contre Barack Obama, peuvent n'être qu'une dernière semonce du sénateur de l'Arizona pour remonter dans les sondages. Cela pour dire que ceux qui ont choisi Obama, dans les sondages, pourraient, dans l'isoloir, aller vers McCain. Le suspense est donc de mise jusqu'à la clôture des bureaux de vote. La question relative au problème israélo-palestinien entre en jeu dans ce cas, les déclarations de chaque candidat vont être un facteur majeur dans la décision des lobbys et, en tout état de cause, pour l'un comme pour l'autre, le fait d'être l'homme qui représente la plus grande puissance du monde, signifie aussi qu'il est victime des impératifs dictés par le système. Les Américains garderont longtemps dans leur mémoire, avoir vécu une campagne très longue et très dure où les candidats auront dépensé des centaines de millions de dollars. Chaque candidat, grâce à la collecte des fonds, a dépensé 1 milliard de dollars sur le 1,5 collecté. L'élection 2008 aura été la plus chère dans l'histoire des Etats-Unis. En 1800, Abraham Lincoln a dépensé 100.000 dollars. L'élection de 1988 a coûté 59 millions de dollars. L'argent joue donc un rôle très important dans les élections aux Etats-Unis. Barack Obama est le candidat qui a collecté le plus d'argent. Même des électeurs qui ne sont pas forcément riches ont donné. C'est le facteur peut-être qui aura le plus joué en faveur du démocrate. Le républicain se considère plus américain qu'Obama. Mais l'enfant de l'Afrique est porteur d'un véritable projet social et économique, beaucoup plus crédible que celui de McCain. Cela, néanmoins, ne dit pas tout, il faut attendre ce soir. Soit c'est le rêve américain, cher à Martin Luther King, qui promet le changement et la victoire de la liberté et la démocratie, soit c'est la continuité des anciennes traditions qui ont montré leurs limites sous le règne du président sortant.