De notre envoyé spécial à Washington Moumene Belghoul Ce n'est plus de l'ordre du rêve. Barack Obama est bel et bien élu président des Etats-Unis d'Amérique. A l'annonce du résultat historique, une liesse indescriptible s'est emparée de la capitale américaine. Des grappes humaines en délire ont défilé dans les rues et autour de la Maison-Blanche. Des cris de «we do it» fusaient de toutes les artères de la ville. Le caractère inédit de l'événement était perceptible dans la joie des jeunes et l'émotion de ceux qui n'avaient pas cru possible l'élection d'un candidat d'origine africaine à la tête des Etats-Unis. Ce n'est désormais plus un rêve. Barack Obama a été élu dans la nuit du mardi 4 au mercredi 5 novembre 44e président des Etats-Unis. Une véritable volonté de changement a balayé les espoirs du candidat républicain. «Le changement arrive en Amérique», a lancé le nouveau président américain lors de son premier discours devant une foule en délire à Chicago. A seulement 47 ans, le Démocrate est ainsi devenu le premier Noir élu président des Etats-Unis. Un événement qui s'est fait ressentir sur tous les continents. «Si jamais quelqu'un doute encore que l'Amérique est un endroit où tout est possible, qui se demande si le rêve de nos pères fondateurs est toujours vivant, qui doute encore du pouvoir de notre démocratie, la réponse lui est donnée ce soir», a asséné celui qui porte le nom de Hussein. L'Amérique a semblé cette nuit récupérer le fameux «american dream» terni par deux mandats de l'ancien président. Barack Obama a rendu hommage à John McCain, son rival malheureux : «Notre vie s'est retrouvée améliorée par les sacrifices qu'il a faits.» Le nouveau président américain a ensuite remercié sa famille et tout spécialement son épouse, Michelle Obama, «son meilleur ami». «La route sera longue», a-t-il annoncé. «Nous y arriverons […] Je serai votre voix. Nos vies sont individuelles mais nos destins sont partagés», a-t-il affirmé. «La nouvelle force ne vient pas de notre richesse mais du pouvoir de nos idées. Voici le véritable génie de notre pays». Dans le district de Columbia, il était aisé de savoir que le candidat républicain avait peu de chances. Les 13 grands électeurs de la proche Virginie lui ont permis de remporter les 270 nécessaires. Visiblement, McCain ne faisait plus le poids face à une volonté de changement des Américains assimilable à un raz de marée. Et c'est donc sans surprise qu'Obama a gagné dans les Etats de la côte ouest des Etats-Unis, en Californie, dans l'Oregon et dans l'Etat de Washington. Le candidat démocrate avait pris la tête de la course à la Présidence, mardi 4 novembre, dès la fermeture des premiers bureaux de vote, provoquant des cris de joie dans les permanences démocrates et les bars où l'on suivait les résultats avec ferveur. Fait notable, Barack Obama a conservé les Etats remportés par John Kerry il y a quatre ans, mais surtout conquis plusieurs fiefs républicains. A l'image de l'Ohio et de la Floride qui avaient voté pour Bush en 2000 et 2004. Et surtout la Virginie qui n'avait pas voté pour un Démocrate à la présidentielle depuis… 1964. Il a également gagné dans le Nouveau-Mexique, le Colorado et l'Iowa, trois Etats remportés par le Républicain George W. Bush en 2004. Les Américains, dans leur diversité, se sont rendus en masse dans les bureaux de vote des Etats clés susceptibles de basculer d'un camp à un autre. Une mobilisation rare, de l'avis de beaucoup d'Américains à Washington. Le taux de participation à l'élection présidentielle a atteint un niveau très élevé et «sans précédent», selon les observateurs. Entre 130 et 135 millions d'électeurs pourraient avoir voté, contre 120 millions en 2004. Historique. C'était le mot qui revenait le plus dans tous les commentaires après l'annonce de la victoire de Barack Obama.