Tiaret L?indu visiteur est torturé jusqu?à l?aube. Une affaire louche qui émeut les magistrats, tant la victime a souffert avant de rendre l?âme. La salle du tribunal de Tiaret est archi-comble en ce lundi 16 décembre 2002. La foule, venue nombreuse, est impatiente de connaître le sort des deux assassins au regard fuyant et hagard. Le juge a, d?ailleurs, du mal à instaurer le calme. Le verdict tombe, enfin, tel un couperet au milieu des cris qui fusent de partout. Rahim N. est condamné à la peine capitale pour meurtre, alors que son épouse, Malika N., écope de 10 ans de prison pour complicité? L?affaire remonte au mois de mai 2002. Le village de Aïn Essafah, dans la commune de Sidi Bekhti (Tiaret), est réputé pour son calme. Ici, pas question de crimes, ni d?affaires houleuses susceptibles de perturber les foyers. Tout le monde ou presque y est pieux et en bonne santé morale? Pourtant, dans l?une des petites maisons de ce calme village, une nuit cauchemardesque va se dérouler chez les N. en cette fin de mai 2002? Ils sont trois. Le père, la mère et leur fille unique? Il est près d?une heure du matin, et ils dorment paisiblement par cette chaude nuit. Des coups frappés à la porte d?entrée résonnent légèrement dans la maison. Malika hésite avant d?aller ouvrir. Et si c?était un malfaiteur ? Et puis, non, le village est trop paisible pour cacher un voleur. Rassurée, Malika ouvre la porte et se retrouve face à un inconnu qui la scrute dans la pénombre avant de l?étouffer de ses grosses mains, en la poussant vers le salon. A ce moment-là, Rahim, alerté, surgit, muni d?une hache et assène un coup violent à la nuque de l?agresseur? Il aurait pu s?arrêter là, l?attacher et alerter la gendarmerie. Il aurait peut-être bénéficié de l?indulgence de la cour? Malheureusement, ce ne fut pas le cas? Voyant l?assaillant tomber à même le sol, Rahim lui assène un deuxième coup de hache à la nuque et un autre à l?épaule gauche. Dans un semi-coma, «le visiteur de la nuit» agonisait. Cette fois-ci, c?est au tour de sa fille et de son épouse de prendre la relève. Armés de bâtons, les trois tortionnaires rouent de coups celui qui a osé violer leur domicile, lui ordonnant d?avouer la raison de sa visite et de décliner son identité. Or, dans un état comateux, le torturé ne pouvait articuler ne serait-ce qu?un mot. Non satisfaits de l?état de la pauvre victime, les trois complices continuent de la torturer en l?aspergeant d?huile bouillante sur le visage et le corps? «Dans le but de le faire parler», diront-ils au cours du jugement. Jusqu?à 6h du matin, la victime subit des tortures indescriptibles et, dans un dernier souffle, rend l?âme. Rahim se rend alors à la gendarmerie de Sidi Yahia et avoue son crime, parlant d?un malfaiteur venu les importuner, lui et sa petite famille. «Mais pourquoi avez-vous torturé cet homme toute la nuit ? ? Monsieur le président, nous voulions connaître le motif de sa visite ! ? Mais cela ne vous donnait nullement le droit de vous acharner sur lui? Que lui reprochiez-vous ? ? Je crois qu?il avait une relation houleuse avec notre fille?» Après délibérations, Rahim est condamné à la peine capitale, tandis que son épouse écope de 10 ans de prison ferme pour complicité?