Ce n'est un secret pour personne : les exportations algériennes hors hydrocarbures sont insignifiantes. Elles ne représentent que 3% du volume global. Cet état de fait n'est pas dû uniquement au manque de production. Les entreprises se heurtent à divers obstacles, notamment bureaucratiques. Elles ne représentent que 3% de l'ensemble des exportations du pays. Les produits agricoles, n'occupent que 1% du volume global. Cette situation n'est pas le fait du hasard et ne s'explique pas seulement par la faible production hors hydrocarbures. Il existe bel et bien des producteurs dans les secteurs de l'industrie et de l'agriculture qui ont quelque chose à exporter. Mais faute d'un réel accompagnement et d'encouragement pour ces entreprises, les exportations freinent et leur volume ne signifie presque rien devant la hausse hallucinante des importations. Celles-ci enregistrent annuellement une augmentation de plus de 25%. En 2007, elles ont explosé pour évoluer d'un seul coup de 35%. Selon des statistiques officielles fournies par le Centre national du registre du commerce (Cnrc), il existe 27 000 entreprises d'importation en Algérie, dont 5 000 ont été inscrites au cours des dix premiers mois de l'année en cours. L'Algérie qui s'ouvre sans aucun problème aux différents produits venant de l'étranger, demeure un pays d'où il est vraiment très difficile pour un opérateur d'exporter ses produits. Les exportateurs se heurtent à de nombreuses entraves, en commençant par les obstacles bureaucratiques induits, bien évidemment, par la complexité des procédures douanières, entre autres, et l'insuffisance des mécanismes d'aide et d'un encouragement réel à l'exportation. Il y a aussi le manque de logistique et d'infrastructures portuaires. C'est, en tout cas, le constat dressé par de nombreux opérateurs économiques présents à la conférence-débat avec le directeur général de l'Agence nationale de promotion du commerce extérieur (Algex), organisée le 22 octobre dernier à Alger par le Forum des chefs d'entreprise (FCE) et à laquelle ont pris part des représentants des ministères des Transports, du Commerce et des Affaires étrangères et des chefs d'entreprises. Une occasion pour ces derniers de faire part du parcours du combattant qu'ils sont contraints d'effectuer pour pouvoir mettre leurs produits sur les marchés extérieurs, notamment européens. Le climat n'est nullement favorable à l'exportation, a-t-on relevé lors de la rencontre, et la situation est loin d'être reluisante de l'avis de nombreux exportateurs que nous avons interrogés. «Il suffit juste de voir les espaces insignifiants réservés aux produits d'exportation sur les quais de nos ports pour déduire qu'on n'encourage pas les exportateurs. Le couloir vert est destiné seulement aux produits importés», a fait remarquer Réda Hamiani, président du FCE, ajoutant que «si plusieurs chefs d'entreprises, donc des exportateurs potentiels, sont aujourd'hui découragés, ce n'est pas parce que leurs produits ne sont pas compétitifs, mais parce qu'ils sont freinés par la complexité et les lenteurs des procédures. Au lieu de nous faciliter la tâche, on nous bloque. Aujourd'hui, il est clair que nous avons affaire à des gendarmes et à des censeurs qui nous bloquent et non à des accompagnateurs». Pourtant, Issad Rebrab, P-DG de Cevital, premier groupe exportateur actuellement en Algérie hors hydrocarbures, indique qu'«il existe plusieurs possibilités de développer les exportations hors hydrocarbures en Algérie». Concernant la concurrence étrangère, M. Rebrab a affirmé ne pas la craindre puisque les produits de son groupe sont compétitifs et répondent aux normes internationales. Il a appelé, une nouvelle fois, à «plus de concertation avec les autorités pour éliminer les entraves au développement des exportations et des entreprises».