Ouled Fayet Nous sommes le 23 novembre 1999. Il est 14 h et Ahmed, comme d?habitude, travaille sur sa parcelle de terrain. Cependant, ce travail, il le fait au détriment de la parcelle mitoyenne, occupée par Mohamed, également fellah, âgé de 58 ans, père d?une famille très nombreuse. Ahmed n?a rien trouvé de mieux que de déposer toutes les pierres qui jonchaient sa parcelle dans celle de son voisin. Ce dernier, mécontent et indigné, demande des explications à Ahmed. Le ton monte, on échange quelques insultes puis, tout à coup, on en vient aux mains. Un témoin oculaire, qui se trouvait à 150 m, accourt pour essayer de séparer les protagonistes. Il n?arrivera pas à temps, car au plus fort de la bagarre, Ahmed tire de sa poche un couteau et transperce de plusieurs coups le corps de son adversaire qui s?affale sur le sol. Le témoin, voyant que la victime perdait beaucoup de sang, se débrouille assez vite un véhicule et transporte de toute urgence le blessé vers l?hôpital. Malheureusement, la victime décède durant son transfert. Entre-temps, Ahmed s?était rendu à la brigade de gendarmerie pour présenter sa version des faits, en omettant de signaler qu?il avait mortellement blessé sa victime. Le 24 novembre 1999, l?autopsie établit que la mort de la victime est due à de violents coups de couteau : «10 plaies dont 2 d?une profondeur de 2 cm.» Confondu, l?accusé finit par avouer en être l?auteur. L?affaire a été jugée en assises, le 29 décembre 2003, au tribunal de Chéraga. Ahmed, assis au banc des accusés, tête rasée, crispé, épuisé, tout en reconnaissant les faits qui lui sont reprochés, évoque la légitime défense et déclare regretter amèrement avoir mis fin involontairement à la vie de Mohamed. Le procureur général dresse un violent réquisitoire contre l?accusé, soulignant la férocité du crime, qu?il met en évidence par les coups répétés. «L?accusé s?est acharné sauvagement sur sa victime, ce qui réfute la thèse de l?acte involontaire.» Enfin, il demande à la cour de ne pas prendre en considération les circonstances atténuantes et requiert une peine de 10 années de réclusion criminelle contre l?accusé. L?avocat de Ahmed axe, quant à lui, sa plaidoirie sur le comportement exemplaire et irréprochable de son client. Selon lui, l?accusé a été obligé de recourir à l?arme blanche, non pas pour tuer, mais pour se défendre. Aussi, il demande à la cour d?accorder à son client les circonstances atténuantes. Après les délibérations, Ahmed écope de 15 ans de prison ferme.