Débat n Une table ronde réunissant historiens, archéologues, musicologues, écrivains et journalistes a été organisée pour le 30e anniversaire de la disparition de El-Anka. «Il est des traditions dans la vie des institutions, des organismes... que l'on perpétue chaque année car elles sont garantes de la sauvegarde et de la préservation - contre l'oubli et la déperdition - de noms prestigieux, de faits majeurs de tous ordres, de légendes, d'œuvres du génie humain...d'une mémoire.» Tel est le cheval de bataille, de l' établissement Arts et Culture qui, à l'occasion du 30e anniversaire du décès de El-Hadj M'hamed El-Anka, a organisé, hier mercredi, à l'auditorium du complexe culturel Laâdi Flici – Theâtre de Verdure – une journée d'étude sur le thème «Le chaâbi et la ville». La commémoration, chaque année, de la date anniversaire de la disparition de El-hadj M'hamed El-Anka, est une grande occasion pour rendre hommage à ce maître qui a marqué de son empreinte cette musique qui continue de combler des multitudes d'amateurs de tous âges, en programmant dans ses différents espaces, «des rencontres-débats et des soirées chaâbi». Cette rencontre a réuni, pour une table ronde, des historiens, des archéologues, des musicologues, des écrivains et journalistes, pour débattre et revisiter les grands moments de ce patrimoine musical, son passé et son actualité, et il ne pouvait y avoir meilleure entame qu'une chanson chaâbi, magnifiquement interprétée par le jeune talentueux et prometteur, Youcef Benyaghzer, accompagné au piano par le fils du Cheikh El-Anka, El-Hadi, avant que M. Mohammedi, directeur de l' établissement Arts et Culture, ne prenne la parole pour souhaiter la bienvenue à tous les présents, pour la céder, juste après, au confrère Mohamed Bouhamidi qui dira : «La puissance de El-hadj El-Anka est telle qu'elle impose une présence dans la littérature…; les jeunes, tout comme leurs parents, trouvent refuge et consolation dans ses paroles et ses textes...; il avait cette capacité qui, quand il appuyait sur un mot, ou sur une expression, il y changeait le sens», pour ensuite laisser la parole à Abderrahmane Khlifa, historien, qui enchaînera : «Le chaâbi ne date pas du XVIIIe, XIXe ou XXe siècle, mais il précède la venue des Ottomans, et bien- sûr, sans piano et sans mandole ; il existait déjà en Andalousie, puis au Grand Maghreb avant d'atterrir à Alger.» Concernant l'avenir du chaâbi, il dira : «Le chaâbi ne disparaîtra pas avec La Casbah, puisqu'il ne touche pas l'architecture, mais l'âme.» Puis il y a eu plusieurs intervenants, parmi lesquels Ahmed Serri, maître de la musique andalouse, Mohamed Toubal, musicologue, Aziz Derouaz, ex-ministre, Cheikh Ennamouss, musicien avec El-Anka, Cheikh Zoubir...et l'autre fils de El-Hadj, Sid Ali, de nous dire à propos de l'héritage que son père a laissé : «J'ai plaisir à voir ces jeunes qui "boivent" les paroles de El Anka, preuve qu'il est encore et toujours vivant dans la mémoire collective.»