Problème n Chaque jour qui passe, la femme perd un peu plus l'espoir de devenir mère. Elle procède à toute sorte de rituels, mais son ventre reste désespérément plat. Finissons cette série sur le conte kabyle par un conte moral, sur la destinée humaine. Rappelons que selon la croyance populaire, chaque individu qui vient au monde porte, inscrit, sur son front, sa destinée. Les Anges, sur ordre de Dieu, inscrivent ce qu'il fera ou ce qu'il sera : bon ou méchant, pauvre ou riche, pieux ou infidèle, honnête ou malhonnête… Et, surtout, la durée de sa vie. Cela explique le fait que, dans les langues algériennes, le «front» est pris dans le sens de «destinée». C'est pourquoi aussi, on dit que «ce qui est inscrit sur les fronts, nul ne peut l'effacer». On raconte qu'une femme était mariée à un homme depuis plusieurs années. L'homme et la femme seraient heureux, s'il pouvait avoir un enfant. En général, les hommes qui vivaient cette situation répudiaient leur épouse ou alors leur donnaient une coépouse, dans l'espoir de mettre au monde un enfant. Mais cet homme-là aime sa femme et ne veut pas la chagriner en prenant une seconde femme. La femme ne cesse de parler d'enfant. — comme je voudrais avoir un enfant ! Voila maintenant plusieurs années que nous sommes mariés, mais je n'arrive pas à enfanter ! L'homme la console. — Ne t'impatiente pas ! Cela viendra un jour ! — peut-être que je n'aurais jamais d'enfant ! — prie Dieu, il t'exaucera ! Une autre fois, elle l'interroge. — Les gens commencent à dire que je suis stérile ! — Laisse les gens parler, dit l'homme. — Et toi, tu n'as pas peur de mourir sans descendance ? — J'ai foi en Dieu, il ne m'arrivera que ce qu'il m'a prescrit ! Le destin… Il ne faut pas chercher à le forcer ! les deux époux continuent à vivre ensemble. Mais chaque jour qui passe, la femme perd un peu plus l'espoir de devenir mère. Elle procède à toutes sortes de rituels, elle prend toutes sortes de produits, elle va même dormir dans certains sanctuaires dont les saints ont la réputation de rendre les femmes fécondes, mais en vain : son ventre reste désespérément plat. Alors, il ne reste plus pour la femme que la prière, l'invocation. — mon Dieu, donne-nous un enfant ! L'homme, aussi, invoque Dieu dans ses prières. — Donne-nous notre part de biens dans ce monde, donne-nous un enfant ! Ma femme est si malheureuse de ne pas devenir mère ! Et quand sa femme se plaint, il la ramène à la raison. — il faut avoir confiance ! — Dieu ne veut pas nous écouter ! — c'est un blasphème que de croire que Dieu abandonne Ses créatures. Continue à invoquer Dieu, il nous exaucera ! La femme fait pénitence et elle se met de nouveau à espérer. -Mon Dieu, donne-nous un enfant ! (à suivre...)