Résumé de la 1re partie n Ramon a offert à sa femme un voilier, mais à la grande déception de celle-ci il décide de mettre son frère à la tête de ses affaires... A partir de là, c'est une nouvelle vie qui commence pour les époux Carlin. Ils ne sont pas toujours en bateau, mais durant les années qui suivent, ils font quelques promenades à la belle saison et même deux ou trois régates d'amateurs car, effectivement, Ramón Carlin se révèle un assez bon marin. Et puis, un jour de 1973, celui-ci annonce à son épouse : — Chérie, j'ai une surprise ! Paquita est un peu craintive. Elle n'a pas oublié l'anniversaire de ses quarante-cinq ans et elle s'attend à un nouveau bouleversement dans son existence. Elle ne se trompe pas. — J'ai décidé d'acheter un nouveau bateau. Il s'appellera le «Sayula II». Et Ramón tend à sa femme la photographie d'un superbe voilier à deux mâts. Paquita le contemple avec étonnement. — Mais il est très grand ! — Il fait dix-neuf mètres soixante, avec une coque tout en plastique. C'est le dernier cri de la technique. — Tu ne pourras jamais le faire marcher tout seul. — Effectivement. J'en ai déjà parlé aux enfants et ils sont d'accord. — Qu'est-ce que tu dis ? — J'en ai parlé aussi à nos neveux, car le «Sayula II» a besoin d'un équipage de dix hommes. Ils sont d'accord aussi. J'ai pris les billets d'avion pour tout le monde. Nous partons la semaine prochaine. Paquita pense être au bout de ses surprises, mais elle est loin d'avoir tout entendu. Elle demande : — Il est en Floride, comme l'autre ? — Non, au nord de la Finlande. C'est là qu'on fabrique les meilleurs... Ramón Carlin marque un temps. Il a beau savoir que sa femme l'a toujours suivi aveuglément, il a quand même un moment d'hésitation. — De là, on ira à Portsmouth en Angleterre. C'est de là que part... la Course autour du monde. — Tu ne parles pas sérieusement ? — Si. Je me suis déjà engagé. — Et tu ne veux tout de même pas que je vienne avec toi ? — Bien sûr que si. — Mais je ne sais rien faire ! — Tu t'occuperas de la cuisine. Ta présence nous fera beaucoup de bien au moral, aux enfants et à moi. Paquita Carlin est décidément une épouse modèle et soumise, car, encore une fois, elle accepte. Par malchance pour elle, le «Sayula II» essuie une terrible tempête entre la Finlande et l'Angleterre. Elle croit mourir tant elle est malade et elle se demande ce que va être le tour du monde. Mais elle ne dit rien et, début septembre 1973, elle se retrouve à Portsmouth. Jusqu'à présent elle avait trouvé que le «Sayula II» était un voilier gigantesque, en voyant les autres concurrents amarrés à quai, elle découvre que c'est de loin le plus petit. Il y a là, en effet, la fine fleur de la voile mondiale, des navires mis au point selon les techniques les plus sophistiquées et sponsorisés à prix d'or : «Pen Duick VI», d'Eric Tabarly, «Adventure» et «Great Britain II», qui réunissent l'élite de la voile britannique, «Kriter», d'Alain Gliksman, «33 Export», de Dominique Guillet, et tant d'autres encore. A chaque escale, ils seront attendus par toute une équipe de techniciens et un équipage de rechange sera là pour embarquer si nécessaire. Ramón Carlin, lui, courra avec son bateau acheté sur un catalogue, ses quatre fils, ses six neveux et Paquita, qui se demande ce qu'elle fait là. (à suivre...)