Résumé de la 4e partie n Ramón Carlin – qui vient d'être sauvé in extremis de la noyade – et son équipage sont dans une situation critique vu que la tempête fait rage, leur seul espoir est dans les affirmations du constructeur finlandais de leur bateau.. Le constructeur n'avait pas menti : dans un puissant et majestueux mouvement, la quille bascule et le «Sayula II» se retrouve à l'endroit. Ramón Carlin bondit sur le pont. Enrique est à son poste, grelottant, toussant, crachant, mais vivant. Il cesse de s'intéresser à lui car il y a plus urgent. Est-ce que la mâture a tenu ? Si ce n'est pas le cas, le bateau ne sera plus qu'une épave incapable d'affronter les vagues et il ne tiendra pas longtemps. A tâtons, aveuglé par la grêle, assourdi par le hurlement des quarantièmes rugissants, risquant de se faire de nouveau emporter par-dessus bord, Ramón Carlin examine le pont du «Sayula II» Les mâts sont toujours là mais la grand-voile a été arrachée. Elle pend derrière le bateau, retenue par ses câbles. Elle attendra. Ce n'est pas le plus important pour le moment. La cale du voilier est inondée et le pont est à peine au-dessus des flots. S'il y a une voie d'eau, tout est perdu. Avec son équipage, Ramón inspecte la coque en tous sens : il n'y a heureusement rien. Tout est arrivé par le hublot qui, maintenant que le bateau est à l'endroit, n'embarque plus d'eau, mais il faut pomper. Il serait nécessaire d'appeler pour demander du secours, malheureusement la radio, qui a été inondée elle aussi, est hors d'usage. Et c'est le cas des deux pompes électriques, qui rendent l'âme après avoir fonctionné quelques minutes seulement. On découvrira plus tard que, parmi les provisions qui se sont répandues dans l'eau, il y avait deux boîtes de spaghettis qui ont bloqué le mécanisme. Heureusement, le «Sayula II» avait embarqué une pompe de secours à main et celle-là fonctionne. Pendant trois heures, l'équipage se relaie à ce travail épuisant, tandis que Ramón Carlin, qui a repris la barre, guide de son mieux le voilier sans voile dans des rouleaux hauts comme dix étages. Le «Sayula II» finit par être à sec, le travail n'est pas terminé pour autant. Il faut maintenant ramener la voile. Tandis que Ramón reste à la barre, les dix garçons s'épuisent dans cet effort gigantesque, car mouillée comme elle est, elle pèse des tonnes. Enfin, ils réussissent et, cette fois ils sont enfin sauvés. Ils arrivent sans autre drame à Sydney et, à leur grande surprise, ils se voient assaillis par une foule de journalistes. La raison en est simple : ils sont les premiers ! Seul Tabarly, sur «Pen Duick VI», peut encore les inquiéter, les autres sont irrémédiablement distancés. Aux journalistes, Ramón Carlin apprend la catastrophe qui a failli leur arriver, ce qu'ils ignoraient, en l'absence de radio. Et les journalistes lui apprennent à leur tour de dramatiques nouvelles. Cette étape a été la plus dure de toutes les courses de voile organisées jusqu'à présent et trois marins des équipages concurrents sont morts en mer. L'exploit réalisé par Ramón Carlin, ses fils et ses neveux n'en est que plus retentissant. Et l'exploit se poursuit jusqu'au bout. Lors des deux dernières étapes Sydney-Rio et Rio-Portsmouth, le «Sayula II» conserve son avance. Il l'accroît même, puisque le second, Tabarly, brise ses mâts, et c'est avec une avance considérable qu'il termine en tête, le 12 avril 1974, après 27 000 milles de course. De nouveau assaillis par les journalistes, Ramón Carlin et son équipage ont laissé éclater leur joie. Paquita était là et elle aussi s'est exprimée devant la presse : — Je suis très fière que mon mari ait gagné, mais je vous jure que ce sera la dernière fois ! Je ne veux pas le perdre. Et, effectivement, jamais on n'a revu de «Sayula II» ou de «Sayula III» dans une course de voiliers. Cette fois, c'était Paquita qui avait gagné.