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La maladie touche particulièrement les jeunes
1% des Algériens sont schizophrènes
Publié dans Info Soir le 04 - 12 - 2008

Coût n La prise en charge de cette maladie exige énormément de moyens financiers, soulignent les spécialistes.
Lors des 4es Journées médico-psychiatriques algériennes, tenues hier et aujourd'hui, à l'hôtel El-Aurassi à Alger, le Pr Tedjiza, directeur du CHU Drid-Hocine, a souligné que la schizophrénie dont 1% des Algériens, souvent des jeunes, en sont atteints, est «l'une des affections les plus fréquentes de la médecine en général et de la psychiatrie en particulier». Les sujets qui en sont atteints sont jeunes, a-t-il ajouté. C'est une maladie «désocialisante par excellence», a-t-il précisé en raison du fait qu'elle constitue une lourde charge pour la société.
Il explique que pour prendre en charge ce handicap social, il faut énormément de moyens financiers, soulignant que le traitement essentiel pour cette maladie est la chimiothérapie. Auparavant, il y avait ce qu'on appelait les neuroleptiques conventionnels de première génération dont les résultats avaient été jugés plus que probants, mais avec des contraintes «extraordinaires» du fait qu'il y avait des effets secondaires, a-t-il précisé et d'ajouter que ces effets secondaires dont certains sont d'ordre neurologique ont été l'une des raisons de l'abandon du traitement. Néanmoins, par la suite et grâce aux progrès de la science, l'on est arrivé à fabriquer des produits de deuxième génération dont notamment les «antipsychotiques atypiques».
Ces derniers sont considérés comme les fleurons de la recherche en matière de thérapeutique médicale, souligne le Pr Tedjiza, mais qui tout de même ont un prix prohibitif (c'est-à-dire plus cher que les conventionnels). Toutefois, ces médicaments présentent des gains substantiels, non seulement pour ce qui est de l'efficacité mais pour ce qui est également du confort du malade, affirme le professeur qui note que cet important aspect (le confort du malade) consiste à veiller à ce qu'il n'y ait pas d'effets secondaires ou indésirables (rigidité, baisse de la libido chez les hommes notamment jeunes et obésité chez les femmes…). Et c'est justement l'une des causes qui dissuadent les malades à suivre ce genre de traitement.
Depuis un peu moins d'une dizaine d'années, au CHU Drid-Hocine des travaux ont été menés pour faire ressortir à la fois les inconvénients des anciens neuroleptiques et les gains substantiels des nouveaux produits. En outre, le Pr Tedjiza a déclaré que son établissement assure annuellement quelque 320 000 consultations de patients atteints de maladies psychiatriques dont 2 000 cas font l'objet d'hospitalisation.
A noter que parmi les maladies liées aux troubles de la mémoire, l'Alzheimer touche en Algérie quelque 300 000 sujets. L'âge moyen des personnes atteintes de cette maladie dont la prise en charge est loin d'être satisfaisante pour ne pas dire carrément absente selon le Pr Tedjiza, est de 50 ans. En France, quelque 900 000 sujets sont affectés par l'Alzheimer. Contrairement aux sujets algériens, l'âge moyen des malades atteints par cette maladie est de 70 ans.
Les pathologies mentales en forte progression n Dans un message lu par un représentant du ministère, le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Saïd Barkat, a souligné que «la politique nationale de la santé accorde une importance particulière à la santé mentale», ajoutant que cette politique «vise une optimisation de la prise en charge des problèmes de santé mentale des citoyens». Le but est aussi de faire en sorte «de contribuer à améliorer la qualité de vie de la population». Selon M. Barkat, l'Algérie a élaboré un programme national de santé mentale, qui a pour objectifs la prévention et le traitement précoce et adapté des troubles mentaux neurologiques et psychosociaux, ainsi que la réadaptation et l'intégration sociale des personnes ayant souffert de problèmes mentaux. Selon M. Barkat, un programme a été lancé pour la réalisation de 53 centres intermédiaires de soins pour les toxicomanes, ainsi que la réalisation de 15 centres régionaux de cure de désintoxication, qui s'ajouteront aux 2 centres déjà existants. A noter, par ailleurs, que les pathologies mentales sont en progression dans le monde. Elles représenteront la deuxième cause de handicap dans le monde en 2020, selon l'OMS. «C'est pour cette raison que la santé mentale est appelée à être au sein des priorités de la santé publique dans notre pays», a affirmé M. Barkat.
Les médecins psychiatres montent au créneau n En marge de la tenue des 4es Journées médico-psychiatriques algériennes, le professeur Tedjiza n'y est pas allé avec le dos de la cuillère pour dénoncer certaines pratiques émanant des responsables du département de la santé. Le professeur reproche au ministre de s'adonner à une sorte d'unilatéralisme dans la prise de décisions qui, assez souvent, engagent l'avenir de patients atteints de maladies psychiatriques chroniques. «L'éthique voudrait, en principe, que lorsqu'on prend des décisions (administratives), il est primordial de se référer à ceux qui détiennent l'information technologique, en l'occurrence les professionnels du corps médical. Il faudrait qu'il y ait de la concertation et, autant que faire se peut, demander l'avis des experts. Or, apparemment, il y a des mesures qui sont prises - et ce n'est pas une nouveauté - sans l'aval ou le consentement des experts médicaux», a lancé le professeur. Selon le Pr Tedjiza, «la tutelle n'aurait pas demandé l'avis des experts dans la prise de décision sur tout ce qui touche à la politique du médicament, y compris le générique. Pis, on prend des décisions qui risquent de pénaliser les malades et de leur causer des déséquilibres, sachant que les traitements en psychiatrie ne sont pas identiques à ceux prodigués pour des angines ou pour une bronchite, déplore-t-il». Le Pr Tedjiza soupçonne le ministère de la Santé de projeter l'élimination de certains médicaments «par certaines mesures qui obéissent au diktat financier», a-t-il dit, précisant que les raisons qui auraient motivé l'attitude du ministère ont trait à la cherté et aux tarifs de référence des médicaments ciblés. Ceci a fait dire au professeur que «c'est la logique arithmétique qui l'emporte» au final.


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