Tout comme la santé physique, la santé mentale revêt une importance vitale pour le bien-être général des individus. Or, cette question est souvent négligée ou carrément ignorée dans notre pays. Pourtant, les pathologies mentales sont de plus en plus fréquentes. En attestent le constat et les chiffres révélés hier par des spécialistes venus des quatre coins du pays, lors des 4èmes journées médico-psychologiques organisées à l'hôtel Aurassi. Alzheimer, schizophrénie, agressivité, violence, autant de sujets d'actualité qui font parler d'eux. Selon les organisateurs, à leur tête le professeur Mohamed Tedjiza, chef de service à l'hôpital Drid Hocine et président de la Société médico-psychologique algérienne, environ 300 000 personnes sont atteintes de la maladie d'Alzheimer. Si cette maladie est la principale cause de démence chez les personnes âgées, la schizophrénie concerne une population jeune. «Elle se manifeste par une modification de la personnalité et la perte du contact avec la réalité, et affecte environ 1% des Algériens», d'après le professeur Tedjiza. Ce dernier précisera que l'hôpital psychiatrique Drid Hocine enregistre annuellement 20 000 consultations et 2 000 hospitalisations. Il existe vraisemblablement des prédispositions génétiques à la schizophrénie mais elle reste encore très mystérieuse. Les traitements actuels ne permettent pas de guérir cette maladie mais aident à retrouver une vie quasi normale. La prise en charge passe par des médicaments, neuroleptiques et antipsychotiques, et un soutien psychologique. Abordant la question des traitements, le professeur Tedjiza est revenu sur les dernières mesures du ministère de la Santé qui visent l'interdiction d'importer des médicaments fabriqués en Algérie. Il déplorera le fait de ne pas associer les praticiens et les experts concernés dans une telle démarche et reproche aux pouvoirs publics de «vouloir appliquer sans discernement une politique de soutien inconditionnel au générique» en ne tenant pas en compte le risque encouru par certains malades sous traitement depuis longtemps, notamment ceux atteints de schizophrénie. «Je ne dis pas que tous les médicaments génériques sont mauvais mais ils ne sont pas forcément tous efficaces», dit-il. Par ailleurs, le professeur Moussa Arrada, doyen de la faculté de médecine d'Alger, explique que l'OMS accorde une importance capitale à la santé mentale, comme en témoigne la définition de la santé figurant dans sa Constitution qui dit que «la santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en l'absence de maladie ou d'infirmité». Il dira que ces journées s'inscrivent dans le cadre du programme de formation continue de la faculté de médecine d'Alger qui permet une mise à jour des connaissances des médecins algériens. Le représentant du ministère de la Santé a, pour sa part, évoqué la réalisation en cours de 14 hôpitaux psychiatriques et mis en exergue le programme du président Bouteflika qui porte sur la création de 53 centres intermédiaires de soins aux toxicomanes et de 15 centres régionaux de cure de désintoxication. A. B.