Les IVe journées médico-psychologiques, ayant débuté hier, à l'hôtel El-Aurassi (Alger), ont accueilli un large auditoire, composé surtout de psychologues, psychiatres, historiens, philosophes et militants des droits de l'Homme. Parmi les raisons qui justifient une telle participation, on retiendra le retour de ces rencontres, sachant que les IIIe journées ont eu lieu, il y a près de 10 ans. De plus, les thèmes choisis sont très adaptés à l'actualité. Plus concrètement, la manifestation d'El-Aurassi, initiée par la société médico-psychologique et qui s'achèvera aujourd'hui, aborde principalement la problématique de la mémoire, dans ses différentes dimensions : médicale, historique, sociologique, etc. Sur le plan de la santé mentale, la mémoire est approchée à travers la maladie d'Alzheimer, les démences en général et d'autres troubles, à l'exemple de la schizophrénie, la dépression et les souffrances des victimes des violences. Dans son intervention, la représentante du ministère de la Santé a évoqué “la politique nationale de santé” et précisé que celle-ci “accorde une attention particulière à la santé mentale”. Dans ce cadre, elle a parlé de “plusieurs actions” menées par son ministère pour “une organisation des soins de santé mentale la plus adaptée” aux besoins des malades. L'intervenante a, en outre, rappelé les projets lancés ou à lancer tels que “la réalisation en cours” de 14 hôpitaux psychiatriques, qui vont s'ajouter aux 15 établissements existants. Selon elle, le gouvernement accorde aussi un intérêt particulier au phénomène de “l'extension de la toxicomanie” en Algérie. La preuve, notera-t-elle, réside dans le programme de réalisation de 53 centres intermédiaires et 15 centres régionaux, en plus des “lits dédiés aux toxicomanes, dans les hôpitaux généraux”. Lors d'un point de presse, le président de la société médico-psychologique, le Pr Mohamed Tedjiza, a révélé que la tenue de la rencontre d'Alger est une manière pour son organisation de “se manifester” et de réfléchir sur des thèmes qui “suscitent débat dans la société algérienne”. Concernant la maladie d'Alzheimer, M. Tedjiza a indiqué qu'elle mobilise gouvernement et mouvement associatif dans certains pays, comme la France, en constatant que “la conscience citoyenne est à développer chez nous”. Il a, cependant, reconnu que l'Algérie, contrairement à ces pays, se caractérise par la jeunesse de sa population, puisque “70% de la population ont moins de 30 ans”. Il n'empêche que l'intérêt porté aujourd'hui à la maladie d'Alzheimer est réel, car cette maladie qui touche les personnes âgées de plus de 70 ans, dans les pays dits développés, “survient après l'âge de 50 ans en Algérie” et “on ne sait pas encore pourquoi”. Devant l'absence de statistiques sur les personnes atteintes de cette maladie, M. Tedjiza a annoncé “à titre indicatif” qu'elle touche actuellement près de 30% de la population algérienne. “Le vieillard n'a pas sa place encore dans le système de santé algérien”, a-t-il soutenu, en précisant que la maladie d'Alzheimer renvoie à la fois au problème de perte de mémoire et à la démence. Le regard de l'historien sur la mémoire apporte, quant à lui, de nouveaux éclairages, surtout quand cette problématique est liée aux violences, aux chocs et autres traumatismes. D'aucuns ont relevé, en marge de la rencontre, que la question de l'héritage du trauma (blessure), dû à la violence coloniale et à celle de la décennie 1990, exige avant tout de s'intéresser à la façon dont la société, dans son ensemble, “institue le rapport à sa propre histoire”. Ils ont plaidé pour “le retour à la parole” et “le travail de mémoire” pour rompre, selon eux, avec “les silences”, le “repli”, les “clivages” et/ou le “règne de la terreur”. H. Ameyar