Au Ve siècle, les habitants de Tipaza adoraient un serpent de bronze à qui la sainte chrétienne, Salsa, devait s'opposer. Le christianisme était pourtant répandu dans l'ancienne ville des rois maures. Mais le paganisme était encore vivace et, à l'hostilité que la foule manifestera à l'égard de Salsa, on devine qu'il avait de nombreux adeptes, parmi les édiles romains et les Berbères romanisés, fervents adeptes du culte impérial, mais aussi parmi les Berbères. Le culte du serpent faisait partie des vieux cultes libyques et puniques, et s'était, peut-être, glissé dans quelque temple de dieu romain. Sous le nom du Saturne romain, ne continuait-on pas à adorer Baal Hammon, et le dieu guérisseur Esculape était tellement différent de la divinité gréco-romaine, qu'il devait récupérer la personnalité de quelque dieu autochtone. Salsa a quatorze ans au moment où commence son histoire. Elle était chrétienne, mais sa famille était païenne. C'est la vue de la foule, adorant la tête d'un serpent de bronze qui l'indigne. Un jour, au cours d'une fête, on sort le serpent de bronze et, au milieu de libations, on lui rend un culte où se mêlent formules religieuses et obscénités. Les gens s'écroulent, les uns après les autres, vaincus par l'ivresse. Profitant de l'inattention des païens, la jeune fille s'empare de la statue et la précipite dans les flots. La jeune fille est enterrée près du port. Une basilique lui sera plus tard consacrée.