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Une ville, une histoire
Salsa, jeune fille de Tipasa (6e partie et fin)
Publié dans Info Soir le 03 - 07 - 2005

Résumé de la 5e partie Salsa a quatorze ans au moment où commence son histoire. Elle était chrétienne, mais sa famille était païenne.
C?est la vue de la foule, adorant la tête d?un serpent de bronze, qui l?indigne. Le serpent, qui fait partie des vieux cultes agraires berbères, représentant la fertilité de la terre et la protection des cultures, a dû lui paraître comme le symbole du mal. C?est, selon les Ecritures, dont elle devait avoir connaissance, l?image que Satan a prise pour séduire Adam et Eve et les faire expulser du paradis.
«Les païens adorent Satan, disaient les prêtres, éloignez-vous du culte des idoles, combattez-le de toutes les forces de votre corps et de votre âme !»
C?est à Satan que Salsa associe le serpent de bronze adoré par ses compatriotes. Un jour, au cours d?une fête, on sort le serpent de bronze et, au milieu de libations, on lui rend un culte où se mêlent formules religieuses et obscénités. Les gens s?écroulent, les uns après les autres, vaincus par l?ivresse. Profitant de l?inattention des païens, la jeune fille s?empare de la statue et la précipite dans les flots.
«On n?adorera plus Satan !», a-t-elle dû s?exclamer.
Mais le bruit de la statue se brisant sur les récifs réveille les païens. «Malheureuse, qu?as-tu fait ?»
La jeune fille ne cache pas ce qu?elle a fait. «J?ai brisé votre dieu, s?exclame-t-elle, vous n?adorerez plus les idoles !»
Les cris réveillent ceux qui dorment encore. On apprend ce qui s?est passé. Des exclamations indignées retentissent. Des mains se saisissent de l?adolescente?
«C?est une chrétienne ! Elle a profané nos dieux !»
C?est alors la fameuse clameur : «A mort ! A mort !»
On l?entraîne, on la jette avec violence sur le sol et on la lapide. «A mort, la chrétienne !»
Puis on prend le frêle corps, on le traîne jusqu?au haut d?un promontoire et on le précipite dans la mer. C?est alors que commence la légende de Salsa.
Le pieux Tipasin, au Ve siècle, qui raconte son histoire, rapporte que dès que les flots ont reçu le corps, la mer s?est déchaînée, secouée par une violente tempête. Il rapporte aussi qu?un navigateur du nom de Saturninus, venant de Gaule, est bloqué dans le port. Pendant trois nuits, il voit en rêve la jeune martyre et une voix mystérieuse lui ordonne de repêcher son corps. Il le cherche, le retrouve, miraculeusement intact, et le sort des flots.
La même foule, qui a lapidé Salsa, l?honore et va l?enterrer dans une petite chapelle au-dessus du port.
C?est cette chapelle, agrandie et embellie, qui deviendra la basilique de Sainte Salsa, canonisée entre-temps par l?Eglise.
On peut, aujourd?hui encore, voir des ruines des murs extérieurs de la basilique ainsi que la base de ses piliers. Le sol de la basilique était encore recouvert de mosaïques, à sa découverte, mais seul un fragment a été conservé.
Ce fragment porte une inscription en vers indiquant : «C?est ici que repose la sainte martyre Salsa, toujours plus douce que le nectar, qui a mérite d?habiter toujours au ciel.»


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