Censure n L'avortement en Algérie est toujours considéré comme un sujet tabou. Il faut dire que des raisons socioculturelles sont pour quelque chose dans cette situation, sachant que dans notre société les enfants ont du mal à communiquer ouvertement avec leurs proches, même lorsqu'ils sont en face de problèmes sérieux. Ainsi, des femmes victimes de viol ou tout simplement coupables de comportements irréfléchis finissent par tomber enceintes et préfèrent garder le silence. Cela pour éviter la honte à la famille et pour ne pas compliquer davantage les choses. Elles sont nombreuses à quitter le domicile familial en quête d'un endroit clément afin de mettre au monde le bébé loin des regards de l'entourage. D'autres finissent avec une dépression nerveuse, en raison de l'esseulement ou du rejet et font tout pour avorter. Ce qui n'est pas sans leur faire courir de véritables dangers puisque l'interruption de la grossesse se fait d'une manière clandestine, sachant que dans notre pays elle n'est autorisée par la loi que dans certains cas précis. Pour cette raison, l'avortement se pratique illégalement dans certains endroits. Les bébés qui viennent au monde dans ces conditions, sont abandonnés, dès la naissance, dans des endroits isolés quand ce n'est pas dans des décharges publiques. Leur nombre dans les pouponnières publiques se passe de tout commentaire. Il faut souligner que ces victimes innocentes payent pour la faute commise par des adultes inconscients de leur erreur et surtout du crime d'abandon qu'ils commettent et qui est, pourtant, puni par la législation algérienne, au même titre d'ailleurs, que l'avortement. Cette pratique est punie en vertu de l'article 304 du code pénal qui stipule : «Quiconque par aliments, breuvages, médicaments, manœuvres , violences ou par tout autre moyen, a procuré ou tenté de procurer l'avortement d'une femme enceinte ou supposée enceinte, qu'elle ait consenti ou non, est puni d'un emprisonnement de un à cinq ans et d'une amende de 500 à 10 000 DA . Si la mort en résulte, la peine est la réclusion à temps de dix à vingt ans.» Toujours à propos de la législation, il faut rappeler que le Haut Conseil islamique a émis une fetwa pour permettre aux femmes violées par les terroristes de se faire avorter et en avril 2004, l'Etat algérien a autorisé l'avortement des femmes violées durant la période de terrorisme. Ce décret stipule que l'avortement ne peut être autorisé qu'en cas d'extrême nécessité et avec une note médicale indiquant qu'il n'y a aucun risque pour la mère. Il a fallu plusieurs années de lutte des associations féminines et des familles des victimes du terrorisme pour que ce qui devait obéir au bon sens soit admis. Selon certaines sources non officielles, 1 600 cas d'agressions sexuelles ont été répertoriés depuis 1993.