«Pénaliser les harragas en leur infligeant des sanctions pénales ne constitue point une véritable solution pour lutter contre le phénomène de l'émigration clandestine», a estimé Me Farouk Ksentini. Le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (Cncppdh), qui a animé, hier, une conférence de presse conjointement avec le bâtonnier des avocats, Me Miloud Brahimi au forum d'El-Moudjahid, a affirmé qu'il est plus juste de fournir davantage d'efforts pour la création d'emplois et fixer les jeunes chômeurs dans leur pays. Plaidant pour la consolidation des droits sociaux des citoyens, Me Ksentini a rappelé, dans ce contexte, que le récent rapport de la Cncppdh transmis au président de la République contient tout un chapitre sur les droits sociaux. De son côté le bâtonnier, Me Miloud Brahimi, s'est dit «scandalisé», et même «humilié», de voir les jeunes «harragas» condamnés à des peines de prison ferme. «C'est inacceptable, voire abominable d'infliger des sanctions sévères à ces jeunes poussés à de tels actes par le besoin d'améliorer leur situation sociale.» Selon lui, le phénomène de la harga «est un problème social et l'Etat doit cesser de juger les harragas». «Toute condamnation est abominable et une atteinte aux droits de l'homme les plus élémentaires», a-t-il soutenu. Il convient de rappeler que le projet de loi examiné en Conseil des ministres, prévoit de lourdes peines à l'encontre des harragas, peines qui peuvent être plus sévères quand il s'agit de réseaux spécialisés dans l'émigration clandestine. Au cours de ce forum, plusieurs questions liées à l'actualité judiciaire ont été soulevées par les deux conférenciers entre autres, le retard du transfert des détenus algériens emprisonnés en Libye, l'affaire du diplomate algérien Hasseni, ainsi que l'abolition de la peine de mort.