Résumé de la 43e partie n L'affaire Sanders prend des proportions. Alors qu'habituellement l'euthanasie, interdite, est pratiquée discrétement, le médecin la revendique. Les médecins qu'on interroge sur le docteur Sanders sont unanimes : c'est un bon médecin, il soigne ses patients avec compétence et dévouement. Solidarité de caste, avec un collègue en difficulté ? Non, des anciens patients du médecin, des gens de son entourage témoignent aussi : «Il soigne ses malades avec dévouement, il lui arrive, alors qu'il n'est pas de service, de venir les voir, pour les rassurer.» C'est aussi, raconte-on au shérif qui enquête sur le médecin, un homme qui sait manifester sa solidarité : il ne fait pas payer les malades pauvres et va jusqu'à régler leurs ordonnances. Il est partisan d'un système de santé ouvert à tous, aux riches comme aux pauvres, aux Blancs, comme aux minorités raciales. On apprend ainsi qu'il y a environ quelque temps, il n'a pas hésité à se rendre en Angleterre pour étudier le système de santé de ce pays, le plus social du monde occidental, à l'époque. L'enquête étant achevée, le docteur Sanders est libéré contre une caution de 25 000 dollars. Mais il reste toujours inculpé de meurtre, du moins jusqu'à son procès. Dès le lendemain, il reprend son travail à l'hôpital, où il fait accoucher une femme. Les journalistes l'entourent, le photographient, l'interviewent. — Vous reprenez votre travail, comme si de rien n'était ? — Je suis médecin, mon travail est de soigner ! A Manchester, les opinions sont partagées. Il y a ceux qui approuvent l'acte du médecin et trouvent qu'il a agi conformément à ce que lui a dicté sa conscience : mettre fin aux souffrances d'une pauvre femme dont on prolongeait inutilement la vie. De l'autre côté, il y a tous ceux qui pensent que le médecin, dans son orgueil, a voulu se substituer à Dieu, en décidant, sans la consulter et sans consulter aucun membre de sa famille, de la mort d'une personne. — Ce ne sera pas moi qui lui confierai mes parents ! — Et s'ils souffrent et qu'il n'y a pas moyen de les sauver ? — Ils attendront leur mort ! — Moi, je ne voudrai pas souffrir, ni les êtres qui me sont chers ! Je demanderai au docteur Sanders de prendre ses responsabilités ! — Cet homme n'est pas Dieu ! — Mais il soulage les souffrances ! Le clivage catholiques-protestants, qui partage parfois les Américains, apparaît fortement dans cette affaire : les catholiques, qui forment la majeure partie des habitants de Manchester, sont majoritairement contre le médecin alors que les protestants, minoritaires, lui sont favorables. Les protestants vont d'ailleurs se montrer très actifs, en organisant des manifestations en faveurs de Sanders, en organisant aussi des prières pour le soutenir. «Vive le docteur Sanders, le bienfaiteur de l'humanité !», cri auquel répond, celui, plus terrible, des adversaires de l'euthanasie : «Tu ne tueras pas !» (à suivre...)