Résumé de la 46e partie n Au cours de son procès, l'avocat du Dr Sanders déclare que lorsque son client avait piqué sa malade, celle-ci était déjà morte ! Il n'aurait donc pas causé sa mort. Les premiers témoins appelés à la barre sont les collègues du médecin. L'un d'eux, qui, comme tous les autres, a prêté serment, témoigne en sa faveur. — J'ai examiné la patiente quelques minutes seulement avant que le docteur Sanders ne fasse sa piqûre. Je sortais de la chambre quand je l'ai rencontré. Je lui ai dit que Madame Borotto n'avait plus de pouls et que sa pupille ne réagissait pas. Je lui ai alors dit : «elle est morte !» Et je suis parti. — le docteur Sanders ne vous a rien dit ? — non ! Mais un autre le contredit : — Moi aussi, j'ai examiné la malade, avant que le docteur Sanders ne fasse sa piqûre. Certes, elle était agonisante, mais elle était encore vivante. Et de cela, je suis absolument sûr ! Le médecin qui a effectué l'autopsie va dans le sens de ce témoignage : — Mme Borotto est morte des suites d'une embolie, provoquée par l'injection d'air dans ses veines. Ceci signifie qu'elle était vivante quand le docteur Sanders a fait son injection. Un autre témoignage marquant est celui de l'infirmière personnelle de la défunte, Elizabeth Roize, qui a assisté à ses derniers instants. Au cours de l'instruction, elle a déclaré que Mme Borotto a poussé un gémissement rauque, avant que le médecin n'ait fait son injection : l'avocat de la défense, Maître Wyman a donc conclu que la malade venait de pousser son dernier soupir et que c'est un cadavre que le docteur Sanders a piqué. On attend donc qu'elle réitère son témoignage, malheureusement pour la défense, l'infirmière se rétracte. «Non, ce cri rauque, avant la piqûre, n'était pas le dernier cri. Je suis sûr que Mme Borotto était encore vivante au moment de la piqûre !» Le mari de la défunte, M. Borotto, témoigne à son tour. Il loue le docteur Sanders pour son dévouement et sa compétence mais, comme à l'instruction, il répète qu'il n'a jamais demandé au médecin d'aider sa femme à mourir. — J'ai bien dit : «Dieu soit loué», quand il m'a annoncé le décès de mon épouse, mais cela ne signifie pas que je cautionnais un acte d'euthanasie, c'était d'être soulagé de ne plus la voir souffrir ! La cour donne enfin la parole au docteur Sanders. Il a la prudence de ne pas parler d'euthanasie et suit point par point l'argumentation de son avocat. — La patiente était déjà morte quand je lui ai fait la piqûre, dit-il. — Alors, demande le juge, pourquoi avoir fait cette piqûre ? Le médecin soupire. — Pourquoi avoir fait une piqûre à un cadavre ? Eh bien, j'étais fatigué, démoralisé, je ne savais pas ce que je faisais… Aujourd'hui, je reconnais que j'ai agi par impulsion ! Aujourd'hui encore, je ne puis expliquer cette réaction ! Il y a un murmure de désapprobation dans la salle. Le juge donne un coup de marteau. — Silence ! — Le docteur Sanders a le droit d'adopter le système de défense qu'il veut. — oui, répète le docteur Sanders, j'ai agi par impulsion ! (à suivre...)