Publication n Paru aux éditions Sédia, le dernier roman de Nina Bouraoui raconte une histoire d'amour, vertigineuse et fusionnelle. C'est l'histoire d'une rencontre passionnelle entre la narratrice habitant Paris (France), et un étudiant, plus jeune qu'elle, de Lausanne (Suisse). C'est l'histoire d'une femme, une écrivaine, qui sait susciter l'amour. Paul, le jeune étudiant, en tombe amoureux, lors d'une séance-dédicace que la romancière anime dans une librairie à Lausanne ; à ce moment-là, la magie opère, lorsque les regards se croisent, se cherchent pour s'accrocher. De la première rencontre, du premier regard, s'ensuit un échange d'adresses e-mail – les échanges se prolongent et durent un certain temps, «dans une sorte de temps suspendu». S'entame alors une relation à distance où les corps demeurent séparés. Ici, l'écrivain se raconte à travers cette femme qui, laissant le désir gagner du terrain, se prépare à l'amour. «J'avais acquis une conscience parfaite de mes sentiments, ne manquant aucune étape de leur évolution», écrit-elle. Plus tard, vient la rencontre : «Ils se découvrent comme dans un temps de naissance, des corps et des peaux qui se touchent, s'apprennent, se séparent pour mieux se retrouver. Paris, Lausanne, la séparation, les retrouvailles. La fille et son garçon» L'écrivaine (dans le roman) et son lecteur se découvrent et découvrent, par la même occasion, qu'ils partagent un antécédent commun : tous deux sont déçus par leurs amours précédentes, tous deux sont «déracinés dans leur solitude, totalement en attente d'une sorte d'Autre qui donnerait enfin un sens à leur vie». En lisant, d'un bout à l'autre le roman, une question se pose : un auteur doit-il entretenir une relation intime avec son lecteur ? Y a-t-il une frontière, aussi minime soit-elle, entre l'intimité d'une écriture et celle d'une vie privée ? L'on retient de ce roman «les fugaces instants de la naissance d'un amour», un surgissement instantané, fougueux, l'on retient également l'urgence de vivre cet amour qui se transforme en une passion pleine d'exaltation et parfois d'euphorie. Appelez-moi par mon prénom est un roman d'amour, parce qu'il y a, en effet, une forte envie d'aimer, de partager une vie avec quelqu'un d'autre. Il y a une exaltation de sentiments. Un reproche cependant au style de l'auteur, Nina Bouraoui : les phrases sont longues. Elle utilise des phrases fleuves, sans paragraphes, ni chapitres. Ce qui rend la lecture tantôt ennuyeuse tantôt oppressante. L'écriture – le choix du style et notamment du vocabulaire – demeure toutefois simple, avec une certaine fluidité. Lisible et visible, c'est une écriture convenable, voire courtoise.