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Un roman dédié à tous ceux qui ont perdu foi en l'amour
Appelez-moi par mon prénom, de Nina Bouraoui
Publié dans La Tribune le 12 - 02 - 2009

C'est avec un style nerveux et saccadé que Nina Bouraoui s'est imposée sur la scène littéraire française. Dix romans tumultueux dissertant à loisir sur le regret de la jeunesse perdue, du déracinement, de l'amour saphique et du sens à donner à l'existence humaine… Une écriture intelligente et charnelle qui lui permet, après avoir obtenu le prix du Livre Inter pour son premier roman La voyeuse interdite, en 1991, d'enchainer les succès jusqu'au prix Renaudot en 2005 pour Mes mauvaises pensées. De quoi asseoir une notoriété ira en grandissant, avec une bonne réception pour son roman, Avant les hommes, paru en 2007. A présent, elle s'éloigne du badinage homosexuel et nous revient donc avec un onzième roman, une histoire d'amour classique, un roman qui dévoile l'essentiel.
Une plume fluide, précise et pleine d'intimité, dans cette dernière parution, Appelez moi par mon prénom, un roman qu'elle qualifie d'«étrange» parce qu'il paraît «revisiter» tous les autres. Pour elle, «un livre n'annule pas le précédent mais le recouvre».
Et d'expliquer un peu mieux son idée sur les colonnes du Monde : «C'est un peu comme une échelle montant vers le ciel ».
Quoi de mieux qu'un crescendo amoureux pour justement toucher le ciel ! Appelez- moi par mon prénom est un récit qui semble avoir été écrit d'un trait, pour nous transmettre un souffle infiniment intime. Cent douze pages s'enchaînent, sans coupures. Des élans du cœur. Une émotivité exacerbée mais loin d'un éventuel lyrisme, lourd et ennuyeux. Plutôt une poésie fluide et précise, parcourue d'une délicatesse nostalgique. C'est l'histoire d'une rencontre. Une écrivaine parisienne de 40 ans qui rencontre lors d'une vente
dédicace, à Lausanne, un jeune homme de 16 ans son cadet, qui se trouve être un de ses lecteurs assidus. Un premier contact et déjà les prémices d'un amour naissant.
Commence alors entre eux une correspondance par mail qui fait éclater dans l'esprit de la narratrice mille et une émotions. Les mots sur l'écran, la solitude qui lancine, les fantasmes qui se dessinent, le désir de l'autre et l'attente indomptable. Mais encore des réflexions sur la vie, la création et l'art. Une passion virtuelle, mais néanmoins fulgurante, prend forme. S'ensuit alors la découverte des voix.
Ils se parlent au téléphone, se livrent l'un à l'autre. Mais la réalité du corps se fait lancinante, le besoin de se toucher survient, et s'entretient jusqu'au jour où ils se rencontrent dans un jardin. Un moment d'intense pureté, un hymne à la vie dans toute sa
profondeur. Dans ce livre écrit dans un français plein de subtilité et de délicatesse, la narration est à l'imparfait comme pour créer l'effet «d'une élégance classique» dans l'esprit d'«un amour courtois», explique l'auteure.
En plus de nous parler d'amour courtois, le dernier roman de la sulfureuse Nina interroge également ce lien ambigu et tellement fort qui peut se tisser entre un écrivain et son lecteur et l'univers même de la création… Mais ce livre, comme l'a souligné elle-même, se veut avant tout un roman dédié à tous les amoureux et à tous ceux qui ont perdu foi en l'amour…
F. B.
Extrait
«Le visage de P. semblait se glisser sous mon visage, mes sentiments avaient construit les murs d'une nouvelle chambre, je naissais en lui. Je ne pensais pas à notre différence d'âge. Je rêvais de sa peau comme la continuité de ma peau. Je rêvais de sa ville comme une alternative à ma ville. Je rêvais d'un avenir avec lui. Je me ‘montais la tête', comme cette femme dans une émission-confession sur les sites de rencontres que je regardai un soir.
Nous avions en commun le désir froid de l'autre sans l'autre et la peur d'échouer. Nous partagions l'attente et le renoncement. Je dépendais de P. comme il dépendait de moi. Il me suffisait d'arrêter ou de nourrir la mécanique que j'avais installée. J'y voyais une façon de vivre les choses de loin, d'en jouir sans m'y blesser. Je pensais parfois qu'il attendait une réponse à sa lettre et que mon silence l'avait déçu. Mes heures de guet modifiaient mes pensées. Je devenais plus fragile et solitaire, fascinée par l'écran de mon ordinateur qui semblait être le seul mur entre un monde et un autre. J'avais besoin de sentir battre la vie en moi, et ce battement passait par le corps de P. ou l'idée que je m'en faisais. J'aimais son air heureux, son teint pâle, ses épaules, j'aimais ce qu'il voulait bien montrer de lui.»
Bibliographie et biographie express :
Nina Bouraoui est née à Rennes en 1967, d'un père algérien originaire de Jijel et d'une mère bretonne. Les quatorze premières années de sa vie, elle les passe à Alger. Puis elle vit à Paris, Zurich et Abou Dabi avant de revenir à Paris. Elle est ouvertement homosexuelle. Dans ses romans, elle écrit sur l'amour saphique, et sur son enfance algérienne, dont elle conserve la nostalgie.
A la différence de ses autres romans, (même du Bal des murènes), dans lequel il s'agit d'un narrateur masculin, Avant les hommes n'est pas revendiqué par l'écrivaine comme étant autofictionnel.
Dès son premier roman, en 1991, s'affirme l'influence de Marguerite Duras dans son œuvre. La vie et les œuvres de Hervé Guibert, Annie Ernaux, Violette Leduc et David Lynch, parmi d'autres, se réunissent aussi dans les romans (et les chansons) de Bouraoui, surtout dans Mes mauvaises pensées.
Son œuvre :
La Voyeuse interdite (1991, Prix du Livre Inter 1991) .
Poing mort (1992) .
Le Bal des murènes (1996) .
L'Âge blessé (1998) .
Le Jour du séisme (1999) .
Garçon manqué (2000) .
La Vie heureuse (2002) .
Poupée Bella (2004) .
Mes mauvaises pensées (2005, Prix Renaudot) .
Avant les hommes (2007) .
Appelez-moi par mon prénom (2008) .


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