Résumé de la 7e partie n L?affaire Sanders provoque un grand débat sur l?euthanasie aux Etats-Unis. Le procès est fixé au 20 février 1950. La constitution du jury n?a pas été aisée. Il fallait en choisir douze sur une liste de près de cent cinquante. Dans une affaire aussi délicate, il convient de procéder à un «dosage» qui tienne compte des spécificités locales : ainsi, il faut représenter les deux communautés religieuses, catholique et protestante, en sachant que les protestants sont plutôt du côté du Dr Sanders et les catholiques majoritairement contre lui. Il faut aussi que les deux sexes soient représentés. Beaucoup de personnes pressenties se dérobent, déclarant, pour ne pas être choisies, qu?elles ont des opinions arrêtées sur l?affaire. Finalement, douze hommes sont choisis, neuf étant catholiques et trois seulement protestants, ce qui risque d?influer sur l?issue du procès. De toute façon, peu de gens pensent que le médecin sera acquitté : l?acquitter, en effet, reviendrait à cautionner l?euthanasie, c'est-à-dire à changer la législation, ce que beaucoup d?Américains ne sont pas près d?accepter. Même les gens qui sont favorables à l?euthanasie hésitent à demander sa légalisation ; ne risque-t-on pas, en effet, d?ouvrir le voie à tous ceux qui, voulant se débarrasser d?un proche, demanderaient sa mise à mort ? «Vous voulez vous débarrasser de votre épouse ou de votre époux qui vous gêne ? Cet époux ou cette épouse est malade et n?a pas l?espoir de guérir ? Alors mettez-vous d?accord avec le médecin traitant, invoquez le désir de mettre fin à ses souffrances et ôtez-lui la vie ! A vous la belle vie ou la fortune !» C?est bien sûr caricatural, mais le public pense que les choses peuvent, effectivement, se dérouler de cette façon. Le jour du procès, une foule immense est réunie devant le tribunal de Manchester. Malgré le froid intense qui règne ? il fait presque moins 20° ? les gens sont là depuis plusieurs heures et, quand les portes du tribunal s?ouvrent, c?est la ruée. Les journalistes, qui occupent plusieurs rangs, sont venus de tous les coins des Etats-Unis et certains même de l?étranger. En effet, le débat sur l?euthanasie est international, chacun se demande comment les Américains vont résoudre le problème qui se pose à eux. Les premières séances sont consacrées à la lecture de l?acte d?accusation, puis à l?audition des témoins. Au cours des débats, quand l?avocat du Dr Sanders, Me Wyam, fait connaître le système de défense, c?est le coup de théâtre : on ne parle plus d?euthanasie mais de? mort naturelle ! «Quand mon client a fait la piqûre à Mme Borotto, celle-ci était déjà morte !» Cela signifie donc que le médecin n?a pas provoqué l?embolie fatale, qu?il n?y a pas eu de meurtre ! Même si le médecin avait l?intention de «soulager les souffrances» de sa patiente. C?est la stupeur générale : comment le Dr Sanders peut-il se rétracter de façon aussi spectaculaire ? Tout le monde pense que c?est la peur d?être condamné qui justifie ce revirement. Et personne, bien sûr, ne croit cette version des faits. Aussi bien les partisans du médecin que ses adversaires. «Que fait-il du noble principe de soulager les souffrances ? Du devoir moral d?aider les malades à mourir dans la dignité ?», se demandent les premiers, scandalisés. «Le docteur veut sauver sa peau ! Finalement, il ne défend pas, comme il le dit, une cause juste mais uniquement ses intérêts !» On brûle de l?entendre s?expliquer, mais comme la procédure américaine ne permet d?interroger l?accusé qu?après l?audition des témoins ; il faut donc attendre que ceux-ci soient tous interrogés. (à suivre...)