Bilan n S'exprimant en marge de la 4e session ordinaire du parti, le 1er secrétaire national du Front des forces socialistes (FFS), Karim Tabbou, a dressé, jeudi, un tableau noir de la situation du pays sur les plans politique et économique. Pour le n°2 du FFS, les Algériens subissent les effets graves et conjugués de la crise politique nationale et de la crise économique et financière mondiale. Il ajoute que le pays «se trouve dans une situation dangereuse» face à des crises sur lesquelles il n'a pas de prise et donc qu'il ne peut que subir. «L'Algérien n'a jamais été aussi pauvre» qu'aujourd'hui, contrastant avec l'emphase démesurée qui caractérise le discours officiel. Le 1er secrétaire national du FFS a, en outre, estimé que l'état d'urgence, les révisions constitutionnelles et bien d'autres techniques de gouvernement ont été«dévoyés» par un régime qui, selon lui, jouit d'une force apparente «parce qu'il dispose d'un appareil répressif et de réserves financières». Profitant de la présence de militants FFS de la wilaya de Ghardaïa, Karim Tabbou a tenu à mettre à nu ce qu'il appelle «les défaillances humaines» qui auraient été derrière la catastrophe — suite aux inondations — dont a été victime la vallée du M'zab le 1er octobre dernier. Démentant la version officielle, Tabbou a estimé que l'erreur humaine a été pour une large partie responsable de ce «terrible tsunami». Pour le FFS, le bilan serait beaucoup plus lourd que celui qui a été rendu public officiellement. Selon les militants de la fédération de Ghardaïa qui ont réalisé une enquête, le bilan s'élève à plus de 70 morts, alors que le nombre de disparus reste toujours impossible à établir. Des Africains dont des Maliens, des Tchadiens et des Nigériens qui séjournent clandestinement dans la région auraient été emportés par le torrent alors qu'ils se trouvaient, au moment de la catastrophe, à l'intérieur de la maison d'arrêt de la ville. «Un dossier brûlant que les autorités algériennes veulent à tout prix taire», estime le FFS. L'effondrement du barrage d'El-Djaref distant de 20 km du chef-lieu de wilaya a été la raison principale qui a entraîné une forte crue de l'oued qui divise la région en deux. Selon des témoignages, des crues fréquentes ont souvent lieu mais jamais avec autant de force, et le barrage, long de 800m, haut de 7 mètres et dont la capacité de retenue est évaluée à plusieurs millions de m3, n'aurait pas seulement été érigé en totale non-conformité avec les normes techniques, mais, pire, il a été bâti sans fondations.