Résumé de la 22 e partie n L'esclave de Sidi Bou-Gdemma découvre Daya qui, après avoir été abandonnée par sa caravane, vit en recluse dans une grotte. L'esclave sort la tête et voit la jeune femme. Elle est d'une beauté si merveilleuse que le pauvre homme se demande si elle ne lui a pas menti. Une beauté pareille, ça ne peut-être qu'une djennia ! — Tu es sûre que tu es une femme ? demande-t-il. — Oui, dit-elle, va le dire à ton maître. Et s'il te demande comment je me suis retrouvée ici, dis-lui que j'ai été abandonnée par la caravane avec laquelle je voyageais! L'esclave se retire. Il se précipite dans la tente de son maître et lui dit : — Oh, Sidi, il y a dans la grotte une femme ! — Une femme ? demande le saint, que peut bien faire une femme seule dans le désert ? — Elle dit qu'elle a été abandonnée par une caravane avec laquelle elle voyageait, depuis, elle vit dans la grotte ! — Décris-moi cette femme, dit Sidi Bou-Gdemma. L'esclave, enthousiaste, s'écrie : — Elle est d'une beauté incomparable. Quand elle est apparue, à l'entrée de la grotte, je l'ai prise pour une djennia. D'ailleurs, je lui ai demandé si elle était un génie ou une femme et elle m'a répondu qu'elle était une femme. Sidi Bou-Gdemma renvoie l'esclave et entre dans sa tente. Pendant une partie de la nuit, il va penser à cette femme : il ne l'a pas vue, mais son esclave l'a décrite comme une femme merveilleuse et il veut la connaître. Au matin, il appelle l'esclave et lui dit : — Va retrouver, cette femme dans sa grotte, et dis lui que je veux l'épouser ! Elle est seule et je suis seul, nous unirons nos destinées ! L'esclave obéit. Arrivé devant la grotte, il appelle la jeune femme et lui fait part de la requête de son maître. — C'est, là, une chose facile, dit-elle, j'accepte la proposition ! Daya épouse ainsi Sidi Bou-Gdemma. Le couple prend pour demeure la grotte autour de laquelle va se développer une ville. Une ville qui recevra, en souvenir de celle qui l'a occupée, le nom de Ghardaïa, à relire, selon la légende, «Ghar Daya», c'est-à-dire, «la grotte de Daya». Mais ce n'est là qu'un nom qui vient en illustration d'une légende… Dans une autre version de la légende ce n'est pas Sidi Bou-Gdemma qui est mis en scène, mais deux autres saints : Baba Ould Djemma et Baba Aïssa, l'un d'eux épousant la jeune femme et fondant la ville de Ghardaïa. Voilà donc pour la légende. Les sources écrites, elles, disent qu'avant l'arrivée des populations actuelles, la région du M'zab était habitée par les Banu Moçab ou Bani M'zab, des tribus berbères zénètes, semi-nomades, qui vivaient de leurs troupeaux et pratiquaient une agriculture sommaire. Ce sont ces Bani M'zab qui auraient construit les igherman (singulier ighrem), villages, dont certains ont été partiellement conservés. Les Mozabites actuels, eux, sont les descendants des Ibadites qui ont fui Tiahert (Tiaret) après que les Fatimides s'en soient emparée au début du Xe siècle. Ces fugitifs, auxquels se sont joints d'autres ibadites, se sont unis pour fonder une nouvelle société, avec les fameuses cités : El-Atteuf (Tajnint en berbère), Bounoura (Ath Bunur), Ghardaïa (Tagherdayt), Beni Izguen (Ath Izdjen), Melika (Ath Melichet) et Guerara (Gerara) (à suivre...)