Yennayer, le 12 janvier, le début de l?année berbère, n?est pas célébré dans les régions berbérophones seulement, mais dans tout le Maghreb. Les rites de sa célébration diffèrent d?une région à une autre. Le nouvel an peut durer un à trois jours, sinon plus, dans certaines régions. Ce début d?année est célébré par la préparation de plats variés, l?immolation d?animaux et parfois par des carnavals. Les objectifs de ces rites : consacrer le renouveau, écarter la famine, préserver l?avenir, accueillir et respecter les invisibles. En effet, les plats préparés ce jour-là symbolisent la fécondité (les beignets, couscous aux fèves, berkouks, soupe, crêpes?). On évite les aliments amers considérés comme de mauvais présages. Pour «placer l?année nouvelle sous d?heureux auspices», on procède à des changements notamment remplacer les trois pierres du kanoun chez les sédentaires ou les trois piquets de tente chez les nomades, repeindre la maison à la chaux, terminer les travaux entamés, s?acquitter de ses dettes. Selon les moyens, on égorge des animaux, du moins un coq, car le sang appelle les forces invisibles à protéger les hommes. Les rites de célébration Ces rites varient d?une région à une autre. En Kabylie, ce jour heureux est tant attendu surtout par les enfants, car même la nature se met de la partie pour célébrer cette fête. Souvent, le 12 janvier, il neige en Kabylie. Cela comble de bonheur les enfants. Après avoir passé la journée à jouer dans la neige, le soir, un bon repas les attend. Des soupes chaudes, un plat de couscous aux fèves, de la viande et des ?ufs durs servis avec une pâte fine cuite à la vapeur, sont préparés. Souvent, on coupe les cheveux aux enfants pour la première fois, afin de permettre à la chevelure de pousser sainement. A l?ouest de l?Algérie, Yennayer est fêté pendant deux jours. Le premier jour, on prépare un repas à base de blé tendre trempé puis cuit à la vapeur accompagné de pois-chiches et de fèves. Il est consommé froid. Cette première nuit, on l?appelle Leila berda ( nuit froide). La même nuit, les enfants se rassemblent autour de la mère pour recevoir un mélange de fruits secs (noix, noisettes, amandes, cacahuètes, dattes, figues et raisins secs) et bonbons dans des sacs de toile confectionnés pour l?occasion. Du thé à la menthe est également servi. La deuxième nuit Leila hamia (la nuit chaude), on prépare un bouillon avec du poulet, on le consomme avec des feuilles de pâtes tres fines cuites sur un tadjine. Tous les membres de la famille doivent manger jusqu?à satiété. A la fin du repas la mère doit prononcer cette phrase :«Soyez toujours rassasiés, que la faim n?entre jamais dans cette maison.» A Miliana (montagne de Zakkar), on prépare le couscous ou berkoukes avec de la viande de b?uf ou de mouton ou encore de poulet. On mange beaucoup pour être rassasié pour toute l?année. Les enfants devront manger tous les fruits secs servis, sinon «L?ajouzet yennayer»viendra leur ouvrir le ventre et le remplir de paille. Des aliments de choix devront être servis, car celui qui réserve un mauvais accueil à «Aâmi Yennayer» sera puni et aura faim toute l?année. Cependant, à Tipasa, outre le couscous au poulet et les fruits secs, certaines familles ramassent des plantes aromatiques sur un des versants du mont Chenoua pour confectionner les fameuses boulettes de plantes sauvages de Yennayer. Elles sont constituées de sept plantes dont la menthe pouliot. Les parents se rendent également, l?après-midi de la veille de Yennayer, pour ramasser des myrtilles, des arbouses et des c?urs de palmiers nains pour confectionner le panier de fruits qui sera offert aux enfants. Les boulettes d?herbes aromatiques seront accompagnées par une tarte locale (Khobz kheli) farcie de viande séchée.