Résumé de la 54e partie n Trois cadavres cachés dans un placard mural, un autre dissimulé sous le lino du parterre. C'est ce qu'on a découvert au 10, Rillington Place. Les victimes sont des femmes, retrouvées uniquement habillées de sous-vêtements, toutes ont été étranglées au moyen de cordelettes. Ces femmes ne sont pas mortes aux mêmes dates : celles du placard semblent avoir été tuées il y a quelques semaines, celle du lino, il y a plusieurs mois. Comme les corps sont dans un état de décomposition avancé, on ne pourra les identifier que par leurs empreintes digitales. La police, qui a commencé son enquête, est déjà en train de comparer les empreintes des cadavres avec celles de personnes disparues. On a aussi commencé à rechercher l'ancien locataire de l'appartement où les corps ont été retrouvés et la police, stupéfaite, découvre qu'il s'agit de John Christie. — John Christie ! s'exclame l'inspecteur Griffin, il a été cité dans l'affaire Evans ! L'affaire Evans est encore dans les mémoires. On se rappelle qu'Evans, trois ans plus tôt, s'est accusé du meurtre de sa femme, Béryl, à qui il reprochait d'être querelleuse, puis, au moment de son procès, il est revenu sur ses aveux, en proclamant son innocence. Elle serait morte, selon lui, chez Christie qui aurait pratiqué sur elle un avortement. Le même Christie lui aurait demandé de lui confier sa fille, un nourrisson de quatorze mois, retrouvé également mort, étranglé comme sa mère. Evans avait expliqué au juge qu'il s'était accusé à la demande d'Evans qui craignait d'être arrêté pour pratique illégale de la médecine. Mais comme l'autopsie n'avait révélé aucune trace d'avortement sur le cadavre de Béryl, on n'a pas pris en considération les nouveaux aveux d'Evans et il a été jugé, condamné à mort et pendu. — Mais alors… se demandent l'inspecteur Griffin et les policiers de Scotland Yard, et si Evans avait dit vrai ? — Si Christie était le meurtrier de la femme et de la fille d'Evans ? Quelqu'un risque : — L'autopsie avait établi formellement qu'il n'y a pas eu tentative d'avortement ! Or, l'accusation d'Evans repose sur cette question de l'avortement. — Christie a bien pu faire croire à Evans qu'il faisait avorter sa femme, ce qui lui permettait de maquiller son crime en accident ! Il est certain que si Evans l'a cru, c'est qu'il n'avait pas toute sa raison : le tribunal, au lieu de démontrer sa débilité, s'est empressé, sous la pression de l'opinion publique, de le condamner et surtout de l'exécuter ! — Si le coupable est Christie, cela signifie qu'on a laissé courir un coupable et fait exécuter un innocent. Exécuter un innocent : c'est la pire des choses qui pouvait arriver dans une Angleterre qui se donnait depuis toujours pour la patrie du droit et de la justice. L'affaire, révélée par la presse, embrase le pays. C'est l'occasion, pour les partisans de l'abolition de la peine de mort de se manifester… «Un innocent a été condamné à mort ! — il faut faire le procès de la justice et abolir la peine de mort !» (à suivre...)