Constat n Le produit audiovisuel s'avère le résultat non pas d'un travail professionnel, mais tout bonnement de l'improvisation. Les coopératives avaient pour engagement de créer une situation favorable au développement de la production nationale dans le domaine de l'audiovisuel, d'instaurer et d'assurer une dynamique en vue de libérer et multiplier les initiatives créatrices individuelles. Avec le cahier des charges de ces coopératives, la télévision aurait déployé et enrichi sa grille des programmes et cependant elle aurait en même temps perdu son monopole sur la production. Si aujourd'hui en effet le secteur de l'audiovisuel accuse un réel déficit, c'est d'une part parce que la télévision a le monopole sur la production et, d'autre part, parce qu'il y a un manque de professionnalisation, même lorsque l'ENTV s'associe avec des producteurs privés. Cela rend d'emblée la pratique lacunaire. Les exemples sont multiples pouvant illustrer un lamentable gâchis. Gâchis, parce que le produit est de piètre facture tant au plan technique, scénarastique que celui de l'actorat : le jeu des acteurs manque d'imagination, de naturel ou de franchise, et de réalisme, donc de talent. Médiocre, parce qu'ils engloutissent un budget conséquent, parfois hallucinant, mais le résultat s'est révélé lamentable. S'exprimant sur l'état des lieux de la production audiovisuelle algérienne, Boutemen Badreddine, estime que «si le projet portant sur la création des coopératives avait abouti, il y aurait eu de la création compétitive». Cela supposerait de la professionnalisation dans le domaine de l'audiovisuel, il indique qu'«il y a un manque effarant de professionnalisme. La qualité des produits laisse sensiblement à désirer. En plus, on a l'impression que la télévision se moque des téléspectateurs, qu'elle les méprise. Il n'y a aucun respect à leur égard.» Effectivement, le produit audiovisuel, à savoir fiction et documentaire, s'avère le résultat non pas d'un travail professionnel, mais tout bonnement de l'improvisation. «Le produit n'est pas construit, le scénario est d'une indigence flagrante et le cheminement est laconique» regrette-t-il. «Ceux qui font des films, des feuilletons ou des documentaires ne sont pas de la profession, à croire qu'ils y sont entrés par effraction», indique Boutemen Badreddine qui se souvient avec nostalgie des années où l'Algérie encourageait et soutenait les réalisateurs qui, eux, faisaient preuve d'exigence et de professionnalisme. «On avait une tradition cinématographique – ou audiovisuelle – mais elle a été rompue», regrette-t-il. Ainsi, l'absence de professionnalisme s'explique par le fait qu'il y a méconnaissance des rudiments aidant à faire correctement et convenablement un film. Car un produit audiovisuel de qualité nécessite de la compétence, de l'expérience, du talent et surtout un savoir-faire certain.