Regret n L'espoir pour un cinéma prospère et donc pour une production audiovisuelle florissante a tourné court. Au lendemain des évènements d'octobre 1988, et à la suite de la démocratisation de la communication, la presse algérienne notamment écrite a bénéficié d'un soutien financier de la part du gouvernement. Le domaine de l'audiovisuel allait, lui aussi, profiter de la même assistance. «Un texte devant être élaborer pour la création de coopératives autonomes», se souvient Boutemen Badreddine, journaliste et réalisateur. «Ces coopératives d'audiovisuel avaient pour objectif de produire et d'alimenter en programmes la grille de la télévision.» «C'est aussi pour provoquer et créer des émulations entre les différentes coopératives, stimuler la création et encourager la production audiovisuelle nationale», ajoute-t-il. «Notre souci était de produire pour satisfaire nos besoins, mais également pour conforter notre place sur le marché international avec nos produits (émissions, films, documentaires…)», poursuit-il. Il se trouve que ce projet n'a pas abouti, car «pour faire démarrer une coopérative et assurer à long terme une production professionnelle, explique-t-il, il fallait d'énormes financements», et «en plus, il y a eu, à l'époque, un remaniement ministériel ; celui-ci a tout chamboulé et fait aussitôt avorté le projet.» «On s'est limité à faire des films avec les moyens de bord, on a été réduit à réaliser des publi-reportage ou des spots publicitaires.» Boutemen Badreddine, qui a à son actif une cinquantaine de films diffusés à la télévision et produits par la Division Presse Film et Magazine (DPFM) qui dépendait de l'Office National du Commerce et de l'Industrie Cinématographique (Oncic), déplore que le projet des coopératives, projet qui n'a pas pu se concrétiser en raison de l'absence de la volonté politique, a mis fin à deux grands organismes chargés de la production audiovisuelle. «En élaborant le texte devant créer les coopératives, on a mis fin aux deux grands organismes qui avaient pour charge d'assurer la production audiovisuelle nationale et d'en constituer des archives : l'Office national du commerce et de l'industrie cinématographiques (Oncic) et l'Agence nationale des actualités Filmées dont je faisais partie», dit-il, ajoutant : «avec la dissolution de ces organismes, on pensait qu'on allait vraiment profiter des mêmes prérogatives que celles de la presse écrite, mais la réalité était tout autre.» Une fois les deux organismes dissous, et une fois le projet portant sur la création des coopératives avorté, ceux qui se sont engagés dans cette aventure, se sont convertis à autre chose. «Moi, personnellement, je me suis retrouvé contraint à écrire au noir des scénarios et même à réaliser au noir des films. C'était intentionnel, un accord entre moi et le producteur. Car je n'avais plus de travail et il fallait que je vive et que je subvienne aux besoins de ma famille», confie-t-il. C'est ainsi que l'espoir pour un cinéma prospère et donc pour une production audiovisuelle florissante a tourné court. l Boutemen Badreddine, né en 1944 à Tlemcen, a fait des études cinématographiques d'abord en Algérie, puis en France. Il est l'auteur de plusieurs scénarios de fiction comme de documentaire, dont les fictions Le rêve dans la vitrine (1964), La ligne de feu (1972), Le camp de l'espoir (1978), Le garde barrière (1987)… Quant à sa filmographie, elle compte de nombreuses réalisations : l'Artisanat algérien, Le corail d'El-Kala, Les grandes figures de la culture maghrébine, Taghit, ville lumière… Boutemen Badreddine a longtemps occupé le poste d'assistant-réalisateur à la RTA, de 1964 à 1967, puis à l'Office national pour le commerce et l'industrie cinématographique (Oncic). Il a également assisté, en tant que réalisateur, Merzak Alouache lors du tournage en 1977 de Omar Gatlatou, ensuite en 1978 Les aventures d'un héros du même réalisateur. Comme il a assisté en 1978 Ahmed Lallem sur le plateau de Barrières Boutemen Badreddine, qui était réalisateur de presse filmé et reporter pour le compte de Division Presse Filmé et magazine et de l'Agence Nationale des Archives Filmées, a animé des conférences dont quelques-unes en Espagne autour du thème «promotion et défense du film documentaire et scientifique». D'autres projets de réalisations et d'écriture occupent en ce moment son imaginaire et nourrissent son ambition.