Interrogation n Pourquoi une filière aussi importante continue d'évoluer, au gré des aléas climatiques, vers des horizons inconnus ? D'autant plus qu'on parle avec insistance de l'urgence de trouver des ressources de substitution aux hydrocarbures, auxquels l'économie nationale est toujours suspendue, et la nécessité de réduire la facture salée de l'importation des produits alimentaires.Il ressort des chiffres avancés plus haut, que notre pays possède des potentialités immenses en oléiculture. Mais en raison d'une multitude de problèmes imposés parfois par les conditions naturelles, l'absence de vision et d'assistance au potentiel existant et les exigences commerciales drastiques, la modernisation de la filière oléicole tarde à voir le jour. Le capital oléicole national, composé de près de 30 millions d'oliviers, est constitué souvent d'exploitations éparses et traditionnelles. Leurs propriétaires sont loin d'être des oléiculteurs. Ils se contentent juste de produire l'huile d'olive pour couvrir les besoins familiaux en la matière et vendre le surplus au premier venu. Ils ne s'intéressent ni aux questions d'amélioration de rendement ni à la qualité de l'huile produite et ne pensent à l'entretien de leurs oliviers qu'à la veille de la récolte. L'irrigation des plantations est absente et, de ce fait, notre oléiculture est tributaire de la pluviométrie. A la moindre sécheresse, la production est compromise. Les oliveraies modernes sont rares et elles ne présentent qu'une partie infime de la vaste surface occupée par cette culture. Ce n'est que récemment que des initiatives privées ont commencé à émerger dans les wilayas de Béjaïa et de Bouira. De plus, nos oliveraies font face, chaque année, aux incendies ravageurs, à la sénescence des arbres et aux étourneaux capables de «dénuder» tout un olivier en l'espace d'une minute. Au niveau de la chaîne de production, les techniques de cueillette, de collecte d'olives et de conditionnement demeurent archaïques. La phase de trituration, même si elle se fait aujourd'hui dans des huileries semi-modernes, ne respecte pas les normes de qualité en vigueur. Le problème qui est sans aucun doute, le plus entravant, est l'absence d'organisation des acteurs de la filière. Cela se traduit par une inexistence presque totale de coopératives et d'associations d'oléiculteurs. La commercialisation de l'huile, en l'absence d'une régulation et d'un marché propre, continue de se faire à travers des circuits informels. D'où l'impossibilité de réguler la question des prix qui, souvent, profitent aux intermédiaires et les propriétaires des huileries. Ainsi, notre huile, réputée pour son excellente qualité, se vend dans des souks et des trottoirs, emballée dans des bouteilles d'eau minérale récupérées, au moment où ce produit représente 6% des exportations de produits agricoles de la Tunisie. Notre produit oléicole demeure toujours sans label et sa certification implique une prise en charge réelle par les pouvoirs publics. Pour prétendre aujourd'hui à l'exportation avec les normes et réglementations qu'exige une telle entreprise, c'est toute la filière oléicole et tous les intervenants qu'il faudra réhabiliter.