A Rafah, sur une des «lignes de front» de l'offensive israélienne dans la bande de Gaza, la cohorte des sans-logis grossit chaque jour du fait des frappes aériennes, faute d'abri pour ceux qui ont perdu leur maison ou qui refusent de vivre sous les bombes. Car si certains Palestiniens trouvent refuge chez des proches ou dans des écoles de l'ONU, beaucoup n'ont nulle part où aller, comme Jaouab Harb, qui n'a d'autre choix que de dormir dehors, dans le froid. «Les frappes israéliennes sont continuelles le long de la frontière avec l'Egypte», lâche-t-il, la voix couverte par le vacarme assourdissant de bombes qui s'écrasent non loin. «Une soixantaine de familles habitant à quelques centaines de mètres de la frontière ont préféré fuir leur domicile hier, soit 350 à 400 personnes», informe-t-il. A côté de lui, des enfants hurlent à chaque déflagration, des parents sont sous le choc. «Nous vivons à 500 mètres de la frontière, ce qui veut dire que nous sommes nous aussi sur la ligne de front», ajoute-t-il. Si l'aviation israélienne bombarde quotidiennement la bande de Gaza depuis le 27 décembre, date du lancement de son offensive, elle semble avoir intensifié ces derniers jours les frappes sur la portion de territoire, dans le sud, qui jouxte la frontière avec l'Egypte. L'objectif est clair : détruire les tunnels creusés par les activistes palestiniens vers l'Egypte et dont le Hamas se sert pour contourner le blocus israélien et s'approvisionner clandestinement en armes. Hier encore, l'armée israélienne a dit avoir bombardé 55 de ces souterrains. Mohamed Ismaël, lui, a perdu une partie de sa maison. «Il y a eu une soixantaine de frappes aériennes le long de la frontière et ma maison a été partiellement détruite», a déclaré ce Palestinien de 28 ans, qui a fui avec sa famille chez des parents habitant un autre quartier de Rafah. Ali Abdelsataf al-Hams, 22 ans, a mis sa famille à l'abri chez des proches il y a plusieurs jours. «Quand je suis revenu, j'ai trouvé ma maison détruite», explique-t-il. Parfois, c'est la lecture de tracts fraîchement largués par l'aviation israélienne et annonçant la reprise imminente du pilonnage qui précipite la fuite. Dans la panique, certains ont juste le temps d'attraper des couvertures et un peu de nourriture avant que les bombes ne s'écrasent dans des nuages de poussière et de fumée noire. La nuit venue, le mercure chute en-dessous de 10 degrés, et des familles entières se retrouvent sur un bout de terrain, à quelques centaines de mètres de leur maison détruite, sans toit ni chauffage.