El-Harrach Amar, en bon père de famille, était très pointilleux sur l?éducation de ses trois filles, âgées de 17, 16 et 10 ans. Malheureusement, cette politique ne plaît ni à Zina ni à Karima, qui empoisonnent l?esprit de leur petite s?ur Dounia, en lui faisant croire que leur papa avait voulu abuser d?elles et que, si elle ne leur venait pas en aide, elle subirait le même sort. Dounia va marcher dans la combine diabolique. Et les filles araignées tissèrent autour du père une toile mortelle par une journée caniculaire du mois de novembre pendant qu?il se reposait chez lui. Après une rude matinée de travail, Amar est surpris par des policiers, munis d?un mandat, venus l?arrêter. Etonné, il les suit au poste, lui qui n?a rien fait de mal et qui n?a rien à se reprocher, et pourtant l?accusation est très grave : ses propres filles l?accusent d?inceste. Il aurait abusé d?elles, y compris de la petite Dounia de 10 ans. Lors de son procès devant la cour criminelle d?Alger, Amar semble abattu, non pas par le temps qu?il a passé en prison, mais par la volte-face de sa progéniture qui l?accuse d?être un père incestueux, lui qui paye leur bonheur au prix fort. Le présumé père incestueux, qui écoute attentivement les chefs d?inculpation, n?a rien d?un obsédé. Il est plutôt un homme qui a voulu inculquer les préceptes de la morale à ses filles, surtout qu?il a un fils en prison. Ce malheureux père s?est déjà culpabilisé du fait de n?avoir pas réussi à donner à son fils l?éducation qu?il fallait pour lui éviter un tel sort. A l?autre bout de la salle sont assises les présumées victimes, Zina et Karima, en hidjab. Avec leur regard perdu, elles essayent de maîtriser leur peur et l?imprévisible comportement de leur petite s?ur Dounia. Et entre le mari et les enfants, balance le c?ur d?une épouse et mère qui ne sait à quel saint se vouer : protéger ses filles qui ne sont déjà plus rien pour elle ou sauver un mari dont le seul crime est d'avoir essayé de sauvegarder l?honneur de sa famille ? Il préfère être en prison plutôt qu?à la place de son épouse qui dévoile la débauche de sa seconde fille qui fuguait sans cesse. Et à chaque fois qu?elle revenait, le pauvre père était toujours là dans l?espoir de la récupérer et de la sauver de la délinquance. Mais dernièrement, il leur a totalement interdit de sortir de la maison sans être accompagnées de leur mère. Cette décision a eu un effet négatif sur leur comportement. C?est alors qu?est apparue cette machination diabolique. Quant à la petite Dounia, elle n?est que la cinquième roue du carrosse. Elle n?a fait que ce qu?on lui a demandé de faire. Et le mot de la fin de la mère a été choquant : «Elles sont bonnes à être placées dans une maison close, nous ne voulons plus d?elles sous notre toit.» La déclaration de la mère a été confirmée par bon nombre de témoins. Tous et toutes plaident le bon voisinage de Amar et le comportement exemplaire du père qu?il est. L?inhabituel réquisitoire du ministère public va innocenter l?accusé. En montrant du doigt ses filles ingrates et dévergondées, il a donné du poids à la plaidoirie de la défense qui a insisté sur les m?urs légères des filles. Après délibérations, l?accusé est déclaré innocent. Le jugement prononcé, le père s?effondre et pleure à chaudes larmes. Il pleure la joie de l?innocence, mais aussi sa peine perdue pour l?éducation de ses filles.