Constat n Les statistiques établies au courant des trois dernières années font ressortir une tendance évolutive de la consommation de la drogue en milieu scolaire. L'évolution de ce fléau n'est plus à démontrer. Le volume des quantités saisies laisse entendre que nos frontières ne servent plus qu'au transit. Nous sommes en passe de devenir un véritable marché de consommation, selon les associations activant dans la lutte contre la toxicomanie. L'étendue de ce phénomène qui tend à gangrener le milieu éducatif est imputée aux problèmes d'ordre familial, social et économique. Ces difficultés font que nos adolescents sont désorientés. Ils nécessitent une prise en charge réelle sous peine de voir le cas de ceux qui en sont ecore au stade expérimental s'aggraver. Sur 450 lycéens interrogés sur ce phénomène, 20% ont répondu avoir consommé de la drogue à côté du lycée, 40% en prenaient dans l'environnement, 14% la prenaient de façon quotidienne et 20% occasionnellement. La «chira» figure en bonne position avec 30%, suivie des psychotropes dont la consommation est estimée à 20%. Ces chiffres ont été publiés l'an dernier par le Conseil national des associations pour la sauvegarde de la jeunesse sur la drogue en milieu scolaire. Les statistiques en question ont aussitôt été confortées par une étude réalisée par la Gendarmerie nationale. Les résultats de celle-ci soutiennent que 45% des élèves d'Alger, dont 12% au sein même des établissements, se droguent. Ils sont 39% à justifier cette dépendance aux stupéfiants par des problèmes familiaux. 35% le font à cause de la défaillance des parents et 26% la lient à la situation actuelle du pays. Les jeunes peuvent fumer des cigarettes, prendre du tabac à mâcher (chemma), boire du vin, fumer du hachich ou absorber des pilules de tranquillisants dans la même journée. Les plus démunis se partagent les cigarettes, la colle, les comprimés, le vin ou le «zombretto» : un mélange de limonade et d'alcool à brûler. Selon le Dr Mustapha Khiati, président de la Fondation de la promotion de la recherche médicale (Forem) et auteur du livre Drogue et toxicomanie en Algérie, «les mélanges locaux sont assez empiriques et non dénués de danger». Le jeune élève commence généralement par fumer le tabac vers l'âge de dix ans. A 15 ans, tous les consommateurs de drogues fument des cigarettes, «l'influence négative des cercles d'amis et de la télévision semble prépondérante», estime le Dr Khiati. Si la plupart sont issus des familles nombreuses, d'autres appartiennent cependant à la catégorie des enfants gâtés, donc issus de familles aisées. Tout compte fait, il y a péril en la demeure. Les spécialistes attirent l'attention des pouvoirs publics sur les dangers de l'usage de la drogue dans les établissements scolaires. Mais aussi sur les conséquences désastreuses de celle-ci tant sur le plan sanitaire qu'économique.