Période n Ils ont pour la plupart la cinquantaine et sont nostalgiques de leur jeunesse. Une jeunesse dont ils gardent, bien évidemment, de très bons souvenirs. «A l'époque, comme ils aiment à le répéter, c'était la belle vie, tout marchait comme sur des roulettes.» «A l'époque», c'était dans les années 1970, «les années d'or de l'Algérie». Pour eux, les temps ont changé dans le mauvais sens pour le pays. C'est qu'à cette période et en dépit d'un manque certain de moyens, il y avait peu de problèmes. Mieux encore, «nous étions vraiment heureux», soulignent-ils comme pour dire que les moyens, tout comme l'argent, ne font pas forcément le bonheur. Il n'y avait ni téléphone mobile, ni parabole, ni Internet, ni lecteur DVD, ni jeux électroniques. N'empêche, «nous vivions pleinement notre jeunesse et croquions la vie à pleines dents», relèvent-ils. De l'avis de ces nostalgiques des années 1970, rares étaient les jeunes qui pensaient à quitter le pays. Et dire qu'il était très facile de partir en France, en Italie, en Espagne, aux Etats-Unis d'Amérique ou ailleurs et de s'y installer même sans être contraint de contracter un mariage à blanc ou de recourir aux services d'un faussaire pour avoir une vraie fausse carte de résidence. Bref, l'étranger était peu attractif pour bien des raisons, dont la principale a trait au fait que les Algériens se sentaient bien, voire très bien chez eux. C'est du moins ce qu'affirment ceux qui ont vécu cette période. Selon eux, la situation sécuritaire était tout simplement impeccable. Le terrorisme, le banditisme et autre gangstérisme relevaient encore de la fiction. «Vous pouviez dormir tranquillement dehors, à la belle étoile, avec la certitude que personne ne vous touchera. Alors qu'aujourd'hui, vous n'êtes pas en sécurité mêmedans votre propre maison», disent-ils encore. Il faut dire que l'Algérien «était bien éduqué», font-ils remarquer tout en évoquant une décadence de la société : «On a perdu toutes les valeurs qui faisaient de nous un peuple respecté et respectable.» Sur un autre plan, la vie culturelle était tellement animée, particulièrement au niveau des grandes villes, que les jeunes n'avaient pas le temps de s'ennuyer et de penser, par conséquent, à prendre un joint comme c'est souvent le cas aujourd'hui. Théâtre, cinéma, musique, il y avait toujours un spectacle à voir. «Bref, nous, on ne tuait pas le temps, on prenait plutôt du plaisir», résument nos interlocuteurs.