Réalité n Loin de réduire la «fracture numérique», le développement des TIC aggrave, au contraire, les inégalités entre les pays développés et ceux qui le sont moins. L'expression «fracture numérique» ou «digital divide» en anglais, désigne la disparité d'accès et l'usage des technologies de l'information, notamment l'Internet ou le «réseau des réseaux». Cette disparité est fortement marquée entre les pays riches et les pays pauvres, mais elle peut être aussi horizontale, puisqu'elle existe même au sein d'une même société, entre, par exemple, les zones urbaines à forte densité de population et les zones rurales, qui accusent – dans le cas de l'Algérie par exemple – un retard énorme en matière d'accès à ces nouvelles technologies. Pour comprendre ce phénomène, il faut savoir que la notion de «fracture numérique» est une notion très vaste comme l'est la notion de «société de l'information». Selon les chercheurs, le terme de «fracture numérique» a plusieurs aspects et sens. Elle désigne d'abord les inégalités d'infrastructures de base et d'utilisation. Le «numérique», «digital» en anglais, englobe les moyens de télécommunications, les ordinateurs, l'utilisation de l'Internet, la téléphonie sous toutes ses formes… Le second sens du terme renvoie à «la fracture sociale», un terme évoqué pour la première fois par l'ancien président français, Jacques Chirac, lors de la campagne électorale pour la présidentielle de 1995 en France. En faisant le lien entre les moyens de communication et la société, Chirac savait bien, à cette époque déjà, le rôle important des NTIC dans le domaine politique, notamment dans le marketing politique. Ce qu'il avait notamment mis en exergue, c'était le problème de la fracture numérique qui engendre inévitablement des inégalités sociales. Dans cet ordre d'idées, on comprend que le développement technologique dans le domaine de la communication, loin de réduire la fracture numérique, ne fait que prolonger ses effets sur le plan social. Autrement dit, l'intensification et le développement des flux de communication entre le Nord et le Sud entraînent des disparités et approfondissent les inégalités sociales. Ce qui est tout à fait logique, quand on sait que ces disparités existaient bien avant. Dans le monde de l'information, l'incapacité de se servir d'un micro-ordinateur ou d'Internet est beaucoup plus pénalisant, non seulement pour les pauvres et les marginalisés, mais aussi pour les personnes âgées qui trouvent toutes les difficultés à s'adapter à la nouvelle situation. Et c'est là qu'on peut justement évoquer le troisième sens de la notion de «fracture numérique». Cet aspect concerne la disparité des aptitudes des acteurs concernés, quel que soit le pays où ils se trouvent, à maîtriser les procédures de traitement numérique. Leur pratique, en effet, requiert des compétences en formalisation, en expression, dans la résolution des problèmes et l'interprétation des résultats... Les pays pauvres et sous-développés sont les plus concernés par ce problème. Ils n'ont de cesse de solliciter l'aide des pays les plus avancés dans le domaine pour réduire graduellement cette «fracture numérique» dont les retombées sur leur économie sont désastreuses.