Résumé de la 4e partie n M. Grant apprend à Tommy que l'Intelligence a besoin de ses services mais cela est top secret. Même Tuppence ne doit pas être au courant... Tommy se contenta d'attendre la suite. — J'imagine, continua Grant, que vous avez lu dans les journaux ce qu'on raconte de la Cinquième Colonne ? Et que vous savez, au moins dans les grandes lignes, ce que cette expression signifie ? — Oui, c'est l'ennemi de l'intérieur, murmura Tommy. — Précisément. Mon cher Beresford, notre pays s'est lancé dans cette guerre avec un optimisme béat. Je ne parle pas, bien sûr, de ceux qui savaient – depuis bien longtemps, ceux-là étaient sans illusion sur ce que nous allions devoir affronter : l'efficacité de l'ennemi, la puissance de son aviation, sa détermination farouche et la parfaite coordination d'une machine de guerre admirablement au point. Non, je parle de la population en général. De tous les bons démocrates béats qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez et qui croient à tout ce qu'ils ont envie de croire : que l'Allemagne va s'effondrer, qu'elle est à la veille d'une révolution, que les chars allemands ne sont que des boîtes de conserve et que les soldats sont si mal nourris qu'ils s'évanouiront de faiblesse dès qu'on leur ordonnera d'avancer. «Oui, eh bien ! ça ne prend pas ce genre de chemin. La guerre a mal commencé, et les choses vont de mal en pis. Oh ! il n'y a rien à dire sur les hommes – ceux qui servent sur nos cuirassés, ceux qui pilotent nos avions, ceux qui veillent dans nos blockhaus. Mais il y a eu du laisser-aller et un évident manque de préparation. C'est peut-être la contrepartie inévitable de nos bons côtés. Nous, nous voulions la paix, nous avons refusé d'envisager que nous pourrions devoir livrer une autre guerre, et nous n'avons pas su nous y préparer.» Dans ce domaine, le pire est passé. Nous avons rectifié nos erreurs et, peu à peu, nous arrivons à mettre les hommes qu'il faut à l'endroit où il faut. Nous commençons à faire la guerre comme elle doit être faite. Et cette guerre, nous pouvons la gagner, il n'y a aucun doute là-dessus – à condition seulement de ne pas commencer par la perdre. Et là, ce n'est pas de l'extérieur que vient le danger, c'est de l'intérieur. Ce ne sont pas les bombardiers allemands qui peuvent nous abattre, ni la conquête des pays neutres par l'Allemagne, ni sa maîtrise d'excellentes bases de départ. Non, ce qu'il nous faut craindre, c'est le cheval de Troie qui se trouve au sein même de nos défenses, c'est la Cinquième Colonne. Elle est là, au milieu de nous. Formée d'hommes et de femmes – certains situés au sommet de l'échelle sociale, d'autres recrutés dans les rangs des obscurs et des sans-grade – mais qui croient tous, du fond du cœur, à l'idéologie nazie, qui ont adopté les buts des nazis et qui veulent substituer ce système d'une impitoyable efficacité aux libertés médiocres et faciles de nos institutions démocratiques. (à suivre...)