Prohibition n Ce matin du 14 février 1929, jour de la saint Valentin, il fait froid à Chicago, ce qui explique que les rues soient presque vides. Ce que l'on appelle «le massacre de la Saint Valentin» est lié à l'histoire d'al Capone et des années troubles de la prohibition, à la fin des années 1920. En cette année 1929, la prohibition ou interdiction légale de la production et de la vente des boissons alcoolisées entre dans sa dixième année. Rappelons que par le 18e amendement de la constitution américaine, ratifié en janvier 1919, il est interdit de fabriquer, de vendre et d'acheter, sur tout le territoire des Etats-Unis, les boissons qui contiennent plus de 0,5% d'alcool. Avec les idées prohibitionnistes s'est développé un courant anti-immigrants : on juge, en effet, que l'alcoolisme est une tare européenne et qu'elle est transportée par les immigrants. Naguère progressistes, les prohibitionnistes se rapprochent des groupes fondamentalistes, voire racistes, comme le Ku Klux Klan et livrent la guerre aux Noirs, mais aussi aux Italiens. L'anti-prohibition a aussi ses militants : amateurs de boissons alcoolisées, mais aussi défenseurs des libertés individuelles que le 18e amendement remet en cause selon eux. Des campagnes ont été menées pour sa suppression, mais le poids des prohibitionnistes est trop grand pour que ces revendications aboutissent. En attendant, la prohibition fait le bonheur des trafiquants : outre l'alcool introduit frauduleusement de l'étranger, brasseries et distilleries clandestines n'arrêtent pas de produire de l'alcool vendu au prix fort. Gangsters et bootleggers ou trafiquants d'alcool se disputent à mort ce marché très juteux. Ce matin du 14 février 1929, jour de la saint Valentin, il fait froid à Chicago, ce qui explique que les rues soient presque vides. Les sept hommes qui descendent d'un fourgon scrutent quand même les environs, avant de s'engouffrer dans un garage. Les rares passants reconnaissent, au passage, des hommes de Bugs Moran, un des gangsters qui règne sur la partie nord de Chicago qui contrôle le marché de l'alcool. Les hommes sont entrés, ce matin du 14 février, dans un garage appartenant à la bande de Bugs Moran. Ils ont précédé leur chef, qui doit les rejoindre vers 10h 30. Un trafiquant a promis de leur céder, à un bon prix, une quantité importante de bouteilles d'alcool. «Du meilleur, a dit le bootlegger, et au meilleur prix !» Les hommes sont donc au garage depuis un moment quand, par la porte entrouverte, deux policiers surgissent. «Halte !» Les gangsters font le geste de sortir leur arme, mais les policiers pointent les leurs dans leur direction. — Haut les mains et pas un geste ! Les hommes comprennent vite que les policiers n'hésiteront pas à tirer. — mettez-vous contre le mur ! Ils obéissent encore. Les gangsters comprennent qu'ils ont été vendus et que la police leur a tendu un piège. Par qui ? ils ne savent pas. (à suivre...)