On lui apporte donc un bouclier, le plus grand qu'on ait trouvé et on le lui remet. Toute la nuit, le sorcier le frotte avec du sable si bien qu'au matin, il ressemble à un gigantesque miroir, réfléchissant le paysage ainsi que les personnes qui l'entourent. «Maintenant, dit-il, nous pouvons aller affronter le reptile !» Il place son bouclier sur le dos d'un chameau et il ouvre la marche. On ne tarde pas à arriver aux alentours du puits d'Al-Omayr. Les hommes se terrent aussitôt derrière les dunes de sable tandis que le sorcier, saisissant son bouclier, va en direction du puits. Il approche de la margelle quand on voit brusquement une forme gigantesque jaillir du puits. Une tête se darde en direction du sorcier. C'est le serpent et il dirige son regard vers lui, pour le pétrifier. C'est alors que l'homme, saisissant son bouclier l'offre au regard tueur. Le serpent est arrêté net dans son élan. Il pousse un sifflement strident, tourne autour de lui, puis s'écroule foudroyé. «Vite ! crie le sorcier, achevez-le !» On se précipite vers la bête paralysée et on lui coupe la tête. C'est ainsi que le serpent géant, qui pétrifiait de son regard les voyageurs, a été tué et que le puits d'Al-Omayr, à l'eau si douce et limpide, a été rendu aux siens.