Stupéfiant n Dans l'histoire de la criminologie, les Borgia, une riche famille italienne du XVe siècle – qui a donné un pape –, occupent une place particulière. Après la dactyloscopie et l'étude des cadavres, une autre science, la toxicologie, s'occupe des poisons ou des toxiques, en procédant à leur identification, à leurs propriétés physiologiques, à leur dosage et aux effets qu'ils provoquent. Selon la définition admise, un poison est une substance qui, après pénétration dans l'organisme, à doses précises, cause des troubles, passagers ou permanents, qui peuvent disparaître, causer des troubles plus ou moins graves, voire causer la mort. Si la toxicologie est ici envisagée dans sa dimension criminologique, il faut indiquer que la discipline s'intéresse aussi à tous les produits toxiques, aux moyens thérapeutiques de les combattre, en fabriquant notamment des antidotes. Dans l'histoire, la connaissance des poisons semble ancienne, puisque les hommes les ont employés très tôt comme arme, en empoisonnant, notamment, leurs flèches et leurs sagaies. D'ailleurs, le mot toxique vient du grectoxonet signifie «arc», référence évidente aux flèches empoisonnées ! Le poison provenait essentiellement de plantes vénéneuses comme la ciguë, le colchique ou le curare Selon la légende amérindienne, c'est par hasard que l'homme a découvert les effets du curare. Un chasseur suivait du gibier quand il a vu un faucon qui, avant de fondre sur sa proie, s'est frotté les serres sur une liane. Dès qu'il s'en est saisi, celle-ci est morte. Le chasseur a imité le rapace, en frottant la pointe de sa flèche sur la liane : le gibier, aussitôt touché, tombait raide mort. Plus tard, il réussit à extraire des lianes le produit toxique : la liane, appelée curare par les Indiens, est une plante qui, selon les régions, appartient, soit au genre strychnos, soit au genre chondrodendron. Aujourd'hui, le curare est également employé pour réaliser des produits anesthésiants utilisés au cours d'interventions chirurgicales. On récupérait également le venin des serpents que l'on distillait. Arme de guerre, le poison a aussi été utilisé pour commettre des crimes. Depuis les temps anciens, on cite des personnages illustres, morts empoisonnés. Rome, la Grèce, l'Inde, le Moyen-Orient, les rois, les ministres, les sénateurs ont recouru au poison pour se débarrasser de leurs adversaires. Le poison était également un moyen pour se suicider. En 399 avant J.-C., juste après la guerre du Péloponnèse, le célèbre philosophe grec, Socrate, est dénoncé comme impie. On lui reprochait aussi d'avoir introduit des divinités étrangères et de pervertir la jeunesse. Il est condamné à mort. mais Socrate n'attend pas qu'on l'exécute : pour montrer qu'il est innocent et qu'on l'a calomnié, il boit une coupe de ciguë. La reine Cléopâtre d'Egypte et son amant le Romain, Marc Antoine, s'empoisonnent, quand l'ennemi d'Antoine le vainc à la bataille navale d'Actium, en 33 avant J.-C. Enfin citons la fin de la Carthaginoise Sophonisbe qui, après la victoire des troupes coalisées romano-berbères, devait revenir comme esclave à Scipion. Massinissa est allé la retrouver, mais elle l'a supplié de lui apporter du poison pour ne pas tomber entre les mains du Romain. (à suivre...)