Résumé de la 2e partie n Dans l'histoire de la criminologie, les Borgia, une riche famille italienne du Xe siècle occupent une place particulière. Parmi les souverains qui ont manipulé le plus le poison, il convient de citer la famille italienne des Borgia, qui s'est illustrée dans l'intrigue et le meurtre au milieu du XVe siècle. C'est le 11 août 1493 que le cardinal Rodrigo Borgia est élu pape. Dans son Histoire des papes, L. Pastor écrit à propos de cet homme : «On vit accéder à la suprême dignité un homme que l'Eglise ancienne n'aurait pas admis au dernier rang du clergé à cause de sa vie dévergondée.» Rodrigo Borgia, âgé d'une soixantaine d'années, avait usé de simonie, c'est-à-dire d'un trafic, achetant les cardinaux chargés de son élection. Devenu pape, il prend le nom d'Alexandre VI. Il était prêtre depuis 1431, et devait, comme tous les prêtres, respecter le vœu de pauvreté et surtout de chasteté. Mais l'homme a toujours aimé l'argent et fait fructifier la fortune des Borgia ; quant à la chasteté, il ne l'a jamais pratiquée. En devenant pape, Rodrigo Borgia avait six enfants, avec deux liaisons, Vanozza Catanei et Giulia Farnese, il en aurait eu sept, si Pier Luigi, le premier duc de Gandie, n'était mort une année auparavant. Deux de ses enfants, qui suivront ses traces, un garçon, César, et une fille, Lucrèce, était au moment de l'élection de leur père sur le trône de Saint Pierre, âgés de seize et douze ans. Le jour même, César devenait archevêque de Valence et, l'année suivante, cardinal. Lucrèce est mariée à un jeune, un membre de la famille des Sforza, pour des raisons d'alliance politiques, mais elle se débarrassera de lui et ne sera «tranquille» qu'à son troisième mariage. Elle était liée, par une liaison incestueuse, à son frère César. Mais les Borgia n'étaient pas les seuls à ambitionner le pouvoir dans la péninsule, en cette seconde partie du XVe siècle. Ludovic le More, duc de Milan, Ferdinand de Naples et son fils Alphonse II étaient des adversaires des Borgia et cherchaient à déposer le pape. On voulait aussi faire appel à l'étranger, pour lutter contre l'influence des Borgia. En septembre 1494, Charles VIII, roi de France, entre en Italie et, le 31 décembre, il envahit Rome. Mais le pape, en versant de l'argent, en corrompant des dignitaires, parvient à sauver son trône. En avril 1495, il se coalise avec la République de Venise, le duc de Milan et le roi d'Espagne et remporte la victoire à la bataille de Fornoue. Il se pavane, mais son fils aîné, Juan de Gandie (Giobani Borgia), est assassiné le 14 juin 1497. Le pape est effondré et soupçonne son fils César d'être derrière le meurtre. Machiavel, dans ses Histoires florentines, écrit à propos de ce meurtre : «La cause de sa mort resta quelque temps cachée ; mais enfin, on eut la certitude que le cardinal de Valence (César Borgia) avait commis lui-même, ou du moins fait commettre, ce meurtre, par envie et par jalousie, au sujet de madame Lucrèce.» César, bien sûr, se défend d'être l'assassin de son frère. Il feindra de se lamenter et montrera une grande douleur lors de ses funérailles. Mais personne ne sera dupe. Dans la cour pontificale, chacun tremble d'être victime d'un coup de dague ou, de l'arme préférée des Borgia : le poison. (à suivre...)