Résumé de la 1re partie n C'est à la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe que la criminologie va se développer et que l'on commencera à réfléchir sur les poisons. Si on connaît les poisons depuis longtemps, on ne disposait que de vagues connaissances en toxicologie. Les Anciens concluaient à certains signes physiologiques tels que le visage cyanosé, la langue noire, les maux de ventre..., qu'une personne a été empoisonnée. De plus, les connaissances étaient remplies de superstitions. Dans l'antiquité, on connaissait surtout les plates vénéneuses, la ciguë et la jusquiame, puis on s'est rendu compte que l'antimoine, le mercure et le phosphore comportaient des doses mortelles de poison. C'est seulement au VIIIe siècle que l'alchimiste musulman Djabir ibn Hayyan (Le Geber des Latins) découvrait la poudre d'arsenic, qui allait devenir un poison redoutable. Contrairement aux autres poisons qui avaient un goût fort, l'arsenic n'avait ni goût ni odeur. Ce sera, par exemple, dans l'Italie du XVe siècle, le poison favori des Borgia, la fameuse canterella, que nous évoquerons dans cette série. nous évoquerons aussi la célèbre marquise de Brinvilliers, qui se débarrassait de ses ennemis en mélangeant, à leur boisson, de l'arsenic… C'est à la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe que la criminologie se développera et que l'on commencera à réfléchir sur les poisons. A Köping, en Suède, en 1775, un pharmacien, Carl Wilhem Scheele, découvre que lorsqu'on mélange de l'arsenic blanc avec du chlore ou de l'eau régale (mélange d'acide chlorhydrique et d'acide nitrique qui dissout l'or), on obtient un acide arsénieux. Le contact de cet acide avec le zinc produit du gaz hydrogène arsénié. Un autre savant, Samuel Hahnemann, découvre que dans l'estomac d'un empoisonné, l'arsenic produit, sous l'action de l'acide chlorhydrique et de l'hydrogène sulfuré, un dépôt jaunâtre. Johann Daniel Metzger, professeur de médecine à Königsberg, en Allemagne, réussit, en 1787, en chauffant une substance, à obtenir, sur une plaque de cuivre, des vapeurs qui indiquaient si la substance contenait de l'arsenic ou pas : en cas de produit toxique, la plaque se couvrait d'une couche blanche. Le même médecin constate que l'arsenic et le charbon de bois quand on les chauffe dans une éprouvette, s'évaporent. La vapeur, qui s'en échappe, se transforme de nouveau en arsenic, sous forme de cristaux caractéristiques. Il faut attendre le début du XIXe siècle pour que l'Allemand, Valentin Rose, découvre les traces d'arsenic dans le corps humain, notamment les intestins et les membranes de l'estomac. Quand les membranes de l'estomac absorbent l'arsenic, on ne peut le détecter, C'est Rose qui invente le moyen de le chercher en découpant l'estomac en petits morceaux et en les faisant bouillir dans de l'eau distillée. Ensuite il filtre l'eau à plusieurs reprises et la traite avec de l'acide nitrique : celui-ci, en effet, dissout toute matière organique et le résidu restant, traité à l'acide carbonique et à l'eau de chaux, laisse un dépôt caractéristique qu'il chauffe. En cas de présence d'arsenic, des cristaux se forment sur l'éprouvette. Mathieu Orfila (1787-1853), médecin et chimiste français, publie un Traité des poisons. L'anglais James Marsh construit en 1836 le premier appareil de dépistage de l'arsenic à partir d'humeur ou de tissu humain. Les innovations vont se succéder et les poisons, auparavant méconnus, deviennent familiers. Des affaires criminelles vont, d'ailleurs, aider la toxicologie à se développer. (à suivre...)