Intérêt n L'hygiène en milieu hospitalier, notamment des sanitaires, de la literie, des instruments chirurgicaux et des services des urgences, attire enfin l'attention des autorités. Ce ne sont pourtant pas les réflexions qui manquent puisqu'en 1985 déjà une journée scientifique a été organisée dans ce sens. La même année les services d'épidémiologie et de médecine préventive sont créés officiellement et ont inclus parmi leurs prérogatives la prise en charge de cette problématique. 24 ans plus tard, nos hôpitaux souffrent toujours du manque d'hygiène et le thème est toujours d'actualité. Ces structures ont, en fait, besoin d'une réforme profonde à tous les niveaux. Une prise en charge des patients à repenser, des bâtisses à rénover, un personnel soignant à revaloriser, le secteur algérien de la santé est un immense chantier qui mérite plus d'attention et nécessite l'engagement de tout l'effectif travaillant au sein des établissements du directeur jusqu'à l'agent d'entretien. Ces derniers seraient responsables de 90% des transmissions d'infections et de microbes dans ce milieu en raison du non-respect des règles d'hygiène, selon le Pr Ouahiba Amhiz, microbiologiste à l'Etablissement hospitalier public de Bologhine (Alger). La transmission des agents pathogènes par les mains du personnel soignant au cours des soins est l'autre facteur mis en cause par les professionnels de la santé. Une carence qui réclame en tout cas plus de maîtrise car elle est une des principales causes des infections nosocomiales. La pratique optimale de l'hygiène des mains doit être, rappellent les médecins, la première mesure de prévention de ces infections. Malheureusement, l'observance de ce geste par les soignants est très faible, ne dépassant que rarement 50%, selon les spécialistes. C'est pourquoi il est impératif de commencer par la sensibilisation du personnel hospitalier et de consacrer un budget à la lutte contre les infections nosocomiales. L'hygiène hospitalière dépasse, toutefois, de loin ce stade. Elle est en effet étroitement liée au traitement des déchets issus des activités de soins à risque d'infection (DASRI). Il est utile de rappeler dans ce contexte qu'aujourd'hui, certains hôpitaux sont totalement dépourvus d'infrastructures et d'équipements adéquats pour la gestion des DASRI, selon le professeur Abdelkrim Soukehal, chef de service d'épidémiologie au CHU de Beni-Messous. «C'est un matériel obsolète ne répondant pas aux normes internationales d'hygiène dans les hôpitaux», dit-il. Le professeur Soukehal relève dans ce sens l'absence de locaux dédiés ou formalisés pour le stockage temporaire des DASRI. Il constate en outre le manque d'un transport approprié et une bonne organisation de la filière d'élimination des DASRI. Tout compte fait, la propreté dans le milieu hospitalier est une affaire qui nécessite l'implication de tous.