Environnement n Le centre de presse El Moudjahid a organisé, hier, une table ronde sur les questions des agrocarburants, les changements climatiques et la crise de l'eau. Cette rencontre a été animée par des spécialistes du domaine. «Nous vivons dans des crises financière, énergétique et climatique» a déclaré Kara Mustapha, DG de l'Agence nationale du changement climatique et membre du groupe intergouvernemental chargé de l'étude du changement climatique (organe onusien). Selon lui, les Etats doivent agir vite pour passer à une économie verte, c'est-à-dire une économie sans gaz à effet de serre et respectueuse de l'environnement. Le changement climatique affecte directement la sécurité alimentaire. La sécheresse en Chine et en Argentine puis les inondations à Ghardaïa et Adrar et enfin la vague de froid glacial en Europe, sont parmi les retombées du changement climatique. «Nous n'avons pas droit à l'erreur», a ajouté M. Kara. De son côté, Mekideche Abdelkader, directeur de la coopération internationale au sein du ministère de l'Aménagement du territoire, de l'Environnement et du Tourisme, a parlé de la nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Selon lui, le réchauffement climatique est dû essentiellement à la croissance au Nord, mais aussi à la révolution industrielle. «Ces pays développés cherchent uniquement à réaliser leur sécurité énergétique sans tenir compte des effets néfastes de leur industrie», a dit M. Mekideche. Pour résoudre cette équation, il faut redynamiser une coopération basée sur l'assistance mutuelle entre le Nord et le Sud. Selon l'orateur, le Sud peut procurer les ressources énergétiques dont a besoin l'Occident, mais en contrepartie, il faut que ce dernier aide les pays sous-développés technologiquement, particulièrement les pays de la rive sud de la Méditerranée pour, notamment, assurer la propreté de la mer Méditerranée. En outre, il faut associer tous les segments de la société algérienne, chercheurs, médias et société civile à la préservation de l'environnement. «Il faut intégrer certains nouveaux matériaux afin d'économiser l'énergie dans nos constructions», a déclaré Lakhdar Khaldoun, consultant en aménagement et environnement. Selon lui, il faut mettre en place une nouvelle architecture pour réduire la consommation d'énergie. M. Boudissa, premier ministre du Travail de l'Algérie indépendante et membre d'une ONG environnementale, a axé son intervention sur la réduction des produits chimiques dans l'agriculture pour préserver la santé des consommateurs. Djamel Boucharef, directeur du Centre national de la climatologie, a clôturé le débat en rappelant que l'Algérie connaît une désertification accélérée et a indiqué que notre pays a mis en place un système d'alerte pour prévoir les catastrophes naturelles. l La création de l'Observatoire du changement climatique est l'illustration de la grande importance accordée par l'Algérie aux problèmes de l'environnement. A noter également que l'Algérie a mis en place 30 textes portant sur la protection de l'environnement. En outre, un projet ambitieux consistant en la construction d'une tour solaire, va être lancé à Ghardaïa pour fournir une énergie verte (sans effets néfastes sur l'environnement) en substitution au pétrole et au gaz (le projet est en préparation avec le ministère de l'Energie et des Mines pour réaliser une économie verte dans le cadre du développement durable). n Pour mieux illustrer l'impact des changements climatiques sur la sécurité alimentaire, M. Kara fait ressortir qu'il y aura 45 millions d'habitants en Algérie en 2025 et pour satisfaire leurs besoins alimentaires en matière de céréales, le Cnes estime qu'il faudrait 120 millions de quintaux de céréales, ce qui serait très difficile à réaliser, d'autant que les recettes du pétrole et du gaz seront maigres, vu que les réserves de ces deux matières diminueront à cette époque-là. Le développement d'autres sources d'énergie notamment solaire devient une nécessité. Le monde connaîtra également une grave émigration climatique, les gens fuiront vers le Nord. Bref, on assistera à un dérèglement des écosystèmes. La solution, selon M. Kara, réside dans la mise en place d'une économie verte.