Débat n Un séminaire national en hommage au dramaturge Abdelkader Alloula s'est tenu, hier, à Boumerdès. Cette manifestation, commémorant le 15e anniversaire de l'assassinat de l'artiste, le 10 mars 1994, vise, selon le président de l'association Cirta des Issers, organisatrice, à «promouvoir progressivement ce séminaire en un colloque culturel national qui sera abrité, annuellement, par une wilaya du pays». Cette opportunité a donné lieu à l'animation de plusieurs conférences. Le professeur Ahmed Boutata, un des compagnons de Abdelkader Alloula, a indiqué que la situation du théâtre algérien «est devenue catastrophique après l'assassinat de Alloula en 1994», considérant que les œuvres post-Alloula sont «insipides» et dénuées de tout «goût artistique, social et humain». Ces œuvres théâtrales, a-t-il déploré, «pèchent par l'absence de sensibilité artistique, car destinées au commerce et à la consommation». «Cette quête du gain a abouti à une rupture avec le processus de mise en place d'un théâtre sérieux lancé par Alloula et bien d'autres avant lui», a soutenu M. Boutata, considérant que cette rupture a «éloigné le 4e art de son rôle précurseur dans la société sur le double plan éducation et orientation, notamment, ainsi que sa contribution supposée dans le développement intellectuel». Le dramaturge, Abderrahmane Settouf, a abordé, pour sa part, les différentes étapes majeures traversées par le théâtre algérien avant et après l'indépendance, grâce notamment aux grands Ould Abderrahmane Kaki, l'hadj Omar et Allal El-Mohib, avant que Abdelkader Alloula ne vienne y apporter sa touche. Chaque pierre de cet édifice hérité, a-t-il dit, «a été mûrement réfléchie par ces doyens et pionniers du théâtre algérien qui se sont basés pour ce faire, sur des recherches dans l'histoire profonde de la culture nationale, tout en s'appuyant également sur un théâtre universel proche de notre culture». M. Settouf a cité, dans ce sens, l'apport bénéfique du théâtre allemand, incarné par Berthold Brecht, «dont le style et le contenu des œuvres sont similaires aux bases fondant le théâtre algérien». «C'est sur un solide socle que Kaki a érigé son théâtre la ‘'Halaka'' (ronde) et que Abdelkader Alloula a créé le théâtre "El Goual" (le diseur)», a-t-il soutenu, affirmant que «le succès et la réussite de ces deux styles scéniques tiennent de la place laissée à l'interactivité directe entre le public et le comédien». D'autres critiques «plus optimistes» quant à l'avenir du théâtre algérien, considèrent que «la base existe et n'a besoin que d'un effort plus soutenu envers un public fan du 4e art». Les tenants de cet avis ont souligné l'importance d'inculquer une nouvelle dynamique au théâtre national, en poursuivant l'œuvre de ses pionniers et en se fondant sur une culture multidimensionnelle. La veuve du défunt, Mme Radja Alloula a, pour sa part, souligné l'amour «démesuré» de son défunt époux, «pour sa société, mais surtout pour les gens de condition modeste et les enfants, dont il voulait améliorer les conditions d'existence par le théâtre».