Résumé de la 1re partie Mouloud est furieux parce que son cousin s?impose dans leur petit chez-soi. Mais il est également jaloux de cet homme qui a tellement de souvenirs à raconter. C?est Fatiha, les yeux brillants à la lumière de la lampe nue qui questionne, curieuse des détails : «Et comment faisais-tu pour laver ton linge et tes vêtements, khouya Rabia ? Avais-tu une femme de ménage ? Sortais-tu le soir, après ton travail ? Avais-tu langui le pays ?» Lui, sourit en changeant de position sur le matelas, prenant ses aises, en maître du logis, tandis que Mouloud serre les genoux pour lui laisser plus de place. Puis, au bout d?un moment, il se lève et déclare, en s?étirant : «Il est tard, je me lève tôt demain !» Fatiha sort dans la cuisine, tandis que les deux hommes se couchent, le cousin dans le grand lit et le mari par terre sur deux matelas posés côte à côte, où vient se glisser la jeune femme, à tâtons dans l?obscurité, entre son mari et ses deux bébés. Et le manège dure maintenant depuis plus de deux mois. De temps à autre, Rabia, au cours de la conversation, fait allusion à son imminent retour chez lui. «Il faut que je rentre chez moi, mes amis, dit-il en entourant les épaules de Mouloud de son bras? Je vous ai assez dérangés comme ça !» «Mais non, khouya, réplique aussitôt Fatiha, tu es notre frère, tu es chez toi ici? Qui va s?occuper de toi, seul dans ta grande maison, par ce froid ? Reste, je suis ta s?ur et Mouloud est ton cousin, ton frère ! N?est-ce pas, Mouloud ?» «Bien sûr, bien sûr, s?entend dire le mari, tu ne nous déranges absolument pas? D?ailleurs, les enfants t?aiment beaucoup.» «Oui, ça c?est vrai !» Et il ouvre grand ses bras, où viennent se jeter les deux petits. Parfois, au cours des repas, il a l?impression que Fatiha, qui leur fait face, est en train de les jauger, de faire la comparaison entre Rabia grand, fort, puissant, et son mari plutôt petit, faible et résigné. «Mange donc, Mouloud, s?exclame Rabia? Goûte-moi ce morceau?» Et il dépose dans son assiette une cuisse de poulet, ou un morceau de collier de b?uf qu?il choisit lui-même chez Saïd, son ami boucher. «Saïd me l?a laissé de côté, comme toujours !» Et il mange avec appétit, et Mouloud, qui remarque que peu à peu il accapare le rôle de maître de maison, sent soudain son estomac se nouer. «A la première occasion, je vais lui demander de retourner chez lui? D?accord, c?est mon cousin? mais c?est trop !» Et il essaye de persuader sa femme de faire le premier pas. «On ne devrait pas être trop hospitalier avec lui? Il a sa maison qui peut contenir vingt personnes, et il reste ici, à nous serrer?» «Mais voyons, Mouloud, s?exclame Fatiha, le pauvre n?a personne pour s?occuper de lui. Il ressent la chaleur d?un foyer chez nous? Et puis, il dépense beaucoup d?argent, alors tu n?as pas à te plaindre? C?est ton cousin, Mouloud, tu ne peux le mettre à la porte ! Aîb !» « Mais je n?en peux plus? Je veux être libre chez moi. D?ailleurs toi, tu n?es pas à l?aise, tu dois te changer dans la cuisine. C?est un enfer ! Il faut que cela cesse? Ecoute ! tu vas être plus réservée, ne lui parle plus comme tu le fais, ne lave plus son linge, il va comprendre !» (à suivre...)