Résumé de la 4e partie Pendant deux jours les deux hommes vont poursuivre leur route sur l?énorme glacier. Puis celui-ci se met à parler doucement. Il lui raconte un tas de choses, lui dit que tout ce qui peut arriver désormais lui est complètement indifférent et ce murmure endort encore un peu plus Waldemar Olsen. Soudain, l?Allemand se tait, car le Danois s?est endormi. Depuis ce jour, les deux hommes marchaient côte à côte. Mais ils sont perdus et n?ont plus de vivres. Leurs bottes sont en lambeaux, leurs pieds ne sont plus qu?une plaie et le poste est encore bien loin. Olsen est tellement convaincu qu?il va mourir qu?il en finirait bien tout de suite. C?est l?Allemand qui l?oblige à vivre et le réconforte. Mais lorsque l?Allemand tombe dans une crevasse, à son tour, il souhaite en rester là et le Danois ne l?en sort qu?au prix d?efforts inouïs. C?est le miracle : ces deux hommes, ces deux brutes acharnées et féroces, sont devenus des êtres qu?on peut aimer. Deux êtres ne peuvent avoir l?un pour l?autre plus d?attrait et plus de prix. Voilà pourquoi ils sont dignes d?être aimés. Serrant la nuit leurs corps transis, se soutenant le jour, essayant de faire oublier à l?autre sa détresse et son visage hideux où la famine et le froid entrecroisent des faisceaux de crevasses, ils sont enfin dignes d?être aimés. Mais le Danois ne peut plus marcher, plus du tout. A chaque pas, ses pieds tombent comme s?ils tombaient pour toujours. Pourtant, il y a des traces, maintenant, des traces fraîches d?un traîneau. Les deux hommes se séparent. Le Danois reste sur place, l?Allemand va faire une dernière tentative. Comme le soir va tomber et que les traîneaux vont s?arrêter, il peut les rattraper dans la nuit. Il se met donc à trotter sur la piste. Le soleil se couche. Il marche. La nuit tombe, il se traîne encore. La nuit venue, il se traîne toujours, semant sur son chemin tout ce qui l?alourdit et le gêne. Vers le matin, il aperçoit deux hommes en train de plier leur tente. Il s?approche en titubant et les appelle. Les deux hommes ne le comprennent pas. Ce sont des Esquimaux. L?Allemand essaie de se faire comprendre par gestes puis se résout à poursuivre sa route. Les kilomètres qui séparent Schraeder et Olsen s?élargissent. Alertée par les Esquimaux, une colonne de secours danoise retrouve Olsen avant qu?il ne soit trop tard. Olsen, dès qu?il est sauvé, veut savoir ce qu?est devenu l?Allemand. La colonne de secours suit donc les traces de Schraeder. Ces traces émouvantes d?un homme titubant se poursuivent jusqu?aux ruines d?une station météorologique allemande désertée par ses occupants. Après enquête, il sera établi que Schraeder avait rejoint ce poste la veille même du jour où les Allemands quittaient le Groenland ! Ils ne se sont donc pas revus. Un événement pourtant pourrait les réunir : en 1949, le Danois raconte son histoire à un journaliste qui la publie dans une gazette groenlandaise. Jacques Antoine en tire un scénario de film. Eric von Stroheim doit tenir le rôle de l?Allemand et Pierre Vaneck celui du Danois. De grands réalisateurs se proposent pour le mettre en scène. Malheureusement, Deutchmaster, le producteur qui en avait acquis les droits, ne se décide pas : «Deux hommes seuls dans la neige, dit-il, c?est pire qu?un combat de nègres dans un tunnel ! Et les films de ce genre n?ont jamais marché. Adaptez-moi cette histoire pour qu?elle se passe au soleil?» Il faut donc attendre encore une quinzaine d?années pour que l?histoire de l?Allemand et du Danois au Groenland, modifiée, triturée, décomposée, devienne un film français d?ailleurs excellent : Un taxi pour Tobrouk. Malheureusement, personne ne fit le rapprochement et s?ils avaient vu le film, l?Allemand et le Danois ne s?y seraient pas reconnus. A coups d?océans, de montagnes, de barbelés, de monnaie, de familles et de jargons, la vie les avait définitivement séparés. Ils ne se reverront jamais.