Avenir n Le Mouloudia d'Alger vient de fêter, dans l'anonymat le plus total, son 88e anniversaire, à l'occasion du Mawlid Ennabaoui Echarif. Quelques jours auparavant, l'un de ses hommes les plus prestigieux et doyen des dirigeants de la grande époque, Mouloud Djazouli ,disparaissait sans que le club se sente concerné pour au moins une minute de silence symbolique. Perdant toutes ses sections sportives l'été dernier, au profit du Groupement sportif des pétroliers et, du coup, un pan entier de son histoire et de sa bâtisse, le Mouloudia d'Alger s'est rétréci comme une peau de chagrin à une simple section football sur laquelle tous les regards sont braqués et toutes les convoitises sont aiguisées chaque jour. Après avoir vécu sous le règne de Sonatrach durant un quart de siècle dont douze ans (de 1989 à 2001) sous une forme hybride puisque tous les autres clubs d'Algérie avaient retrouvé leur forme civile, sauf le doyen qui a été «lâché» au terme d'un long bras de fer (de 1996 à 2001) sous des contours de négociations interminables entre une association des anciens sociétaires du MCA, El-Mouloudia, et la société pétrolière. Après trois ans de gestion civile, la section football ne revient pas dans le giron Sonatrach, comme le prédisait, entre autres, le protocole d'accord avec cette société, mais elle va traîner d'une équipe dirigeante à une autre en passant par un directoire et des dirigeants intérimaires. En juin 2008, c'est le coup de grâce avec le passage du club à la forme CSA (Club sportif amateur) et «l'élection» d'un président Sadek Amrous qui, tout compte fait, n'est que le responsable de ladite section football car deux autres hommes forts gèrent derrière : Mohamed Djouad, le président du GSP, en tant que principal bailleur de fonds (15 milliards de centimes pour l'actuelle saison) et Rachid Marif, ambassadeur d'Algérie à Rome et membre de l'assemblée générale, comme véritable chef agissant dans l'ombre. Et au moment où des clubs comme l'Entente de Sétif construisent un palmarès sportif et un avenir, l'actualité du Mouloudia est faite de guerres sans fin entre les dirigeants. Il n'y a qu'à lire le lexique de la vie de ce club devenu moribond: assemblée générale extraordinaire, G8 puis G7, audit interne, conseil de direction, comité ad hoc, cellule de crise, conseil des sages, mécènes, comités de supporters, démission, comptes gelés, retrait de confiance, commissaire aux comptes, huissier de justice, limogeage, contestataires, crise financière, procès, plaintes, grève, conflits, caisses vides, directoire, bilans rejetés, procès en justice, ambassadeur, association El-Mouloudia, opposition, GSP, club SDF, protocole d'accord, démissions, des joueurs levant le pied ou réclamant leur argent ou tout simplement gagnant des matchs dans les journaux et la liste est vraiment très longue. Très, très longue même. Quand ce club, ce patrimoine du mouvement sportif national, aura-t-il un véritable projet sportif et économique et de véritables dirigeants pour lui permettre de retrouver son lustre d'antan ? C'est la sempiternelle question que se pose chaque matin tout Mouloudéen soucieux de la survie de ce club. Cette question que s'est posée, hier, l'entraîneur français, Alain Michel, sur les ondes de la radio nationale : que faire de ce club ? Veut-on construire quelque chose de sérieux ou précipiter sa perte ?