Résumé de la 2e partie Encore une fois, le pêcheur répond à l?appel au secours d?une morue dont il sauve le frère. Mais Mouloud, qui savait prédire le temps en regardant les nuages, en humant le vent et en observant les animaux, répondit calmement : «Un violent orage se prépare, le fleuve sera très agité et d'énormes vagues déferleront de tous les côtés. Je pense qu'il n'est pas sage de prendre la mer en ce moment.» Le visage du méchant homme rougit d'un seul coup, et il se mit à hurler : «Je ne te paye pas pour penser, mais pour obéir à mes ordres! Ferme-là et monte à bord !» Mouloud, qui était patient et docile, monta à bord du bateau, largua les amarres et mit les voiles vers le large, comme le lui avait ordonné son patron. Comme Mouloud l'avait prédit, le ciel s'assombrit au bout de quelques heures, puis le vent se leva et le fleuve s'agita. Le bateau se mit à tanguer et à rouler dangereusement. Le vent soufflait toujours plus fort et les vagues s'élevaient toujours plus haut, jusqu'à ce que la mer et le ciel ne fassent plus qu'un. Mouloud man?uvrait tant bien que mal et faisait tout ce qu'il pouvait pour garder le bateau à l'endroit au milieu de ces énormes montagnes et de ces profondes vallées. Mais le vent soufflait avec tant de force et les vagues déferlaient avec tant de vigueur, que le bateau finit par chavirer. Mouloud et le méchant homme furent éjectés du bateau et se retrouvèrent à l'eau, au milieu des vagues ; vu l'état de la mer, ils avaient bien peu de chances d'en sortir vivants. Mais à peine Mouloud avait-il touché l'eau, qu'il se retrouvait confortablement assis sur un banc de poissons. C'était la morue qu'il avait rencontrée sur la grève qui, avec toute sa famille et une bande d'amis, venait à son secours. «Tu es venu au secours de mon frère, alors que le méchant homme, lui, l'a mangé. C'est donc toi que nous allons d'abord aider», dit la morue. Dévalant les pentes abruptes et escaladant les murailles que formaient les vagues, les morues transportèrent Mouloud avec aisance jusqu'au rivage. Mais là, à quelques mètres de la grève, d'énormes écueils affleuraient ; les vagues se fracassaient sur la berge avec une telle violence, qu'il était impossible de s'approcher encore : on se serait brisé les os sur les roches. «Nous ne pouvons aller plus loin», dit piteusement la morue. C'est alors qu'une volée d'oiseaux s'approcha et une multitude de petites pattes agrippèrent Mouloud par ses vêtements. C'était la tourterelle, celle que le pêcheur avait rencontré au pied de la grande épinette, qui avait fait appel à toute la gent ailée pour venir à son secours. «Tu es venu au secours de mon ?uf, alors que le méchant homme, lui, l'a mangé. C'est donc toi que nous allons d'abord aider», dit la tourterelle. Les oiseaux soulevèrent le pauvre pêcheur et survolèrent les écueils sans même que leur course ne soit déviée par les fortes bourrasques. Enfin, ils le déposèrent sain et sauf au milieu du jardin. Pendant ce temps, le banc de poissons, avec la morue en tête, était reparti vers le large afin d'aider le méchant homme. Mais il était trop tard : lui et son bateau avaient déjà rejoint les sédiments dans les profondeurs du fleuve. Mouloud retourna tranquillement chez lui.