Incohérence n L'école ne transmet plus ses valeurs à la société. Au contraire, elle subit son influence, ce qui est, bien évidemment, regrettable. Compte tenu de son statut et de ses fonctions, l'école devrait logiquement avoir un impact direct sur la société et sur les interactions sociales. Néanmoins, on assiste, depuis quelques années, à un effet tout à fait contraire. Aujourd'hui, les connaissances et le savoir dispensés dans nos écoles n'ont aucun effet sur le comportement de nombreux élèves. Ceux-ci sont plutôt influencés par leur entourage hors des écoles, indiquent plusieurs enseignants interrogés. De nombreux élèves ne font aucune distinction entre la rue et l'école, un lieu qui, bien entendu, devait être réservé exclusivement à l'acquisition du savoir. Plusieurs indices révèlent la situation peu reluisante que vit notre école. L'indiscipline des élèves ne cesse d'être banalisée. Plusieurs d'entre eux se comportent d'une manière inconcevable avec leurs enseignants et les agents administratifs, mais aussi avec leurs camarades et n'hésitent pas à désobéir aux encadreurs et à transgresser les règles et valeurs de l'école, fait-on remarquer. Le refus des filles de se mettre en tenue réglementaire (blouse) dans les lycées en est un exemple. Plusieurs élèves portent des tenues qui ne sont pas du tout adéquates (survêtement, pantacourts, casquettes…). Depuis quelque temps, de plus en plus d'élèves portent des maillots de leur équipe de football préférée. Certes, il y a parmi eux ceux qui les portent sans arrière-pensée, mais d'autres le font plutôt pour se distinguer de leurs camarades et parfois même pour afficher leurs tendances, régionalistes ou autres. Ce qui est inadmissible dans une école publique où tout comportement susceptible de créer des clivages entre les élèves doit être banni. De ce qui se passe de l'autre côté de la Méditerranée, nous pouvons tirer de bonnes leçons. En France, par exemple, on ne badine pas avec l'école. On n'autorise pas les élèves à porter des tenues qui constituent des signes ostentatoires d'appartenance religieuse, ethnique et qui pourraient bien provoquer du racisme et de la ségrégation entre les jeunes. Or, ces leçons, nous ne semblons pas les avoir tirées. Un long chemin reste encore à faire. Un autre phénomène mérite bien d'être signalé : les graffitis sur les tables les murs des salles de cours et des toilettes. Dans ces espaces, les jeunes collégiens et lycéens écrivent des messages provocateurs incitant même au racisme et à la débauche et portant atteinte aux mœurs sociales, et surtout aux valeurs de l'école. Un comportement «normal» pour beaucoup de citoyens, mais qui est loin d'être banal pour les spécialistes, notamment les sociologues et les psychologues. La violence verbale et physique a pris aussi de l'ampleur dans nos écoles. La sonnette d'alarme est tirée.